Au Bauer du fleuve


Folk / Lors de son premier passage à Lyon l'an dernier, Alela Diane nous avait permis de faire la connaissance de sa petite famille : son père Tom, hippie sur le retour, l'accompagnait à la guitare ; sa meilleure amie Mariee Sioux, Indienne à la voix enchanteresse, assurait les chœurs et la première partie ; et un colosse chauve à la barbe fleurie nommé Matt Bauer, virtuose du banjo, complétait le tableau. Originaire du Kentucky, Bauer est également, comme Mariee Sioux, à la tête d'une œuvre solo qui mérite de s'attarder sur cette figure de l'ombre. Le titre de son album, The Island Moved in the Storm pourrait titiller l'intérêt des fans de la série Lost et de son île vivante, capable de se déplacer dans le temps et l'espace. En réalité, il décrit une île de schiste sur la rivière Triplett Creek, au pays natal de Bauer, dont la pluie aime redessiner les contours. C'est dans les environs que Bauer situe le récit de son disque : l'histoire, vraie, d'une jeune fille retrouvée morte il y a trente ans façon Laura Palmer, emballée dans un sac de tente et baptisée «la fille à la tente». Bauer, armé de sa voix de couverture chauffante, de son banjo et de quelques amis musiciens, tente, et parvient à en réchauffer le souvenir, à célébrer les charmes inquiétants de son Kentucky. Dévoilant au passage une sensibilité que son banjo fait bien davantage affleurer que son physique de routier pas forcément très recommandable. En première partie du plus banal Hugh Coltman, il ne faudra pas rater une prestation qui pourrait être l'attraction de la soirée. Stéphane DuchêneHugh Coltman + Matt Bauer + H Burns
Au Kao, jeudi 23 avril
«The Island Moved in the Storm» (Modern World)


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