Éclectique électro

Juste avant Nuits Sonores, le Théâtre de l'Élysée accueille une lecture performance exposition. Décorticage de la première édition des Lectroniques. Nadja Pobel


Jacques Fayard, le directeur de l'Elysée l'annonce souvent comme doxa : sa salle doit être ouverte aux mélanges des arts, ne doit pas craindre d'enfreindre les frontières du théâtre. «Il faut inventer de nouvelles formes, nous disait-il en janvier. Il y a une inflation énorme des propositions théâtrales alors que le public de théâtre est stagnant. En cette période de crise, il faut inventer». Voilà précisément l'objet des Lectroniques : créer une forme d'ovni artistique. L'écrivain Philippe Fusaro, le musicien Laurent Guérel et le metteur en scène Olivier Rey ont voulu poursuivre leur collaboration au-delà de Suite 204, grand hôtel et des palmes présenté l'an dernier aux Ateliers. Ici, en plat de résistance, un autre texte de Philippe Fusaro, Capri et moi. L'écrivain italien retourne dans son pays natal en quête de son père. Ses pérégrinations le mènent sur l'île de Capri à la fois dévorée par le luxe et les soixantenaires botoxées mais aussi bercée par les mythes planqués dans la villa Malaparte, décor de Moravia et Godard pour Le Mépris. Capri est source d'hallucinations du narrateur-acteur-auteur qui y entame des dialogues avec Nick Cave, Hemingway ou Tricky pour tromper l'ennui qui règne dans son couple. Pour Olivier Rey, ce texte est une manière douce d'arriver dans l'univers de l'électro parfois peu connu des habitués des salles de théâtre. Pour donner corps et chair à ce délire entre club et terrasse sous les arbres selon les mots d'Olivier Rey, la salle du théâtre a été vidée de ses sièges et emplie de petites tables de bars et de chaises qui entourent l'espace de jeu des comédiens qui vont et viennent parmi les spectateurs.Entrée, plat, dessert
En avant-goût de Capri, la plasticienne Victor Taba a dessiné des formes animées et très colorées façon Kiki kaïkaï qui grossissent, rapetissent en fonction des basses et des rythmes de la musique de Laurent Guérel. Les boucles sonores sont aussi visuelles sur l'écran de l'ancien cinéma. Et en after, l'électro continue à retentir. Le Dj Camion accompagne les déambulations dans l'expo de Julien Ribeiro. Issitoc, c'est son nom, est composé de onze tableaux accrochés au balcon de l'Élysée (et non en plein milieu de la salle en raison de leur caractère pornographique). Julien Ribeiro, passionné d'images, détourne des photos porno gays glanées sur Internet et les maquille pour en cacher une partie, leur donner un autre sens à travers le prisme de la mythologie ou de personnages contemporains comme ceux de Star Wars. La musique électro flirte avec dessins, textes et images et le sample n'est plus seulement une notion musicale.Les Lectroniques
Au théâtre de l'Élysée, du 18 au 20 mai.


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