La Sicilienne

De Marco Amenta (Ita/Fr, 1h53) avec Veronica d'Agostino, Gérard Jugnot…


Venu du documentaire, Marco Amenta revient pour son passage au long-métrage à un sujet qui l'avait particulièrement touché : le calvaire subi par Rita Atria, une jeune sicilienne qui s'était retournée contre Cosa Nostra après les meurtres de son père et de son frère. Avec un souci d'authenticité fort louable, le réalisateur ne sombre pas dans l'hagiographie, ne transforme pas son héroïne en pasionaria incomprise mais souligne en permanence les failles de son caractère, son côté grande gueule, l'écart permanent et écrasant entre son jeune âge et la douleur de son vécu. Malheureusement, ce cap ne sera plus tenu dans la dernière partie, où Amenta cède aux sirènes aguicheuses du biopic conventionnel : emphase mélodramatique, surlignage des effets narratifs par des fondus au noir, images d'archive mélancoliques à souhait… Si l'on ajoute à ce revirement la faiblesse de la réalisation en termes de dynamique, son incapacité à sortir des sentiers balisés d'un tel récit (ce qui pourrait sembler hors de propos vu qu'on nous ressort une énième fois le coup de “l'histoire vraie“, mais le constat est hélas inévitable), et la suspension d'incrédulité requise face à un Gérard Jugnot doublé en italien dans le rôle d'un juge intègre, on se retrouve hélas devant un film ne tenant pas vraiment toutes ses promesses, très loin s'en faut. D'autant plus regrettable que l'on sent de façon tangible l'attachement du réalisateur à son histoire et à ses personnages…

François Cau


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