Blog : les choses presque sérieuses commencent

Dimanche 17 mai


Dimanche 17 Mai
Vendredi soir : micro-émeute au très calme 'Un certain regard' avec la présence surréaliste de Lenny Kravitz et de Mariah Carey pour présenter Precious, film clip et bof qui m'a fait piquer du nez lors de sa dernière demi-heure (la faute au retard cumulé par l'hystérie autour des pop stars mais aussi à la prestation de Scorsese en maître es Michael Powell à la séance d'avant. Il se dit partout que le festival en manque, de stars. C'était vrai aujourd'hui puisque le Ang Lee (Taking Woodstock) et le Audiard ont pour héros deux acteurs inconnus. Ils sont formidables, comme les films d'ailleurs, tendance 'feel good' pour Lee, 'feel bad' pour Audiard. La double odyssée d'un mythique festival de rock et d'un parrain moderne qui depuis sa prison, réactive un très pervers ascenseur social par-dessus les réflexes communautaires, sont deux bonheurs de spectateurs. C'est d'ailleurs ça, le dénominateur commun de ce début de compétition. : des films ou circulent le plaisir de faire du cinéma et le plaisir de l'offrir aux spectateurs. Osons le dire : on se fait plaisir dans les salles cannoises, avec ou sans stars... Un prophète, donc. Ou comment un cinéaste passionnant arrive à aboutir en deux heures trente les thèmes qui le travaillent depuis ses débuts, leur donnant une ampleur et une résonance nouvelles. Il s'agit de montrer la mue d'une petite frappe sans envergure, mutique et faible, en parrain de la pègre, sans jamais ou presque quitter la prison dans laquelle il purge une peine de six ans. La fabrication d'un héros ambivalent, inventant ses propres valeurs morales, accédant au statut d'icône en trouvant à l'intérieur de lui les ressources pour défier les pesanteurs de son milieu, voilà ce que raconte dans une forme fiévreuse, réaliste et stylisée, Un prophète. Entre autres choses fascinantes, Audiard démontre que la culture et l'instruction sont les vraies armes des forts, et que la mort du père n'est parfois que le pas que l'on ne fait pas vers lui. Une bonne claque, la première de ce festival...


<< article précédent
Blog : classique et classiques