Blog : Ô Irène !

Mardi 19 mai :


Le festival continue peinard. On avait vu Looking for Eric avant de partir, on ne l'avait pas beaucoup aimé (pas du tout, même), mais après le Von Trier, les festivaliers avaient manifestement envie de se détendre. Du coup, cette comédie concept très mineure dans l'œuvre de Loach, a reçu un fort bon accueil sur la Croisette. Dans les sections parallèles, on a bien aimé à ‘Un certain regard' Le Père de mes enfants de Mia Hansen-Love, alors qu'on détestait son premier film, Tout est pardonné. Et à la ‘Quinzaine', on a découvert le beau film de Denis Villeneuve Polytechnique, sorte d'Éléphant québécois, ainsi que Les Beaux Gosses, comédie ado de l'excellent Riad Sattouf, bientôt en salles et franchement bidonnant. Et puis le deuxième choc de ce festival : Irène d'Alain Cavalier. Continuant son cinéma en solitaire engagé depuis La Rencontre, le cinéaste septuagénaire l'emmène ici à des hauteurs encore jamais atteintes dans son travail (le mot œuvre lui ferait horreur). Irène, c'est une femme aimée au début des années 70, morte dans un accident de voiture et jamais oubliée par le cinéaste. Il veut faire un film sur elle, il devait même en faire un alors qu'elle était encore vivante, mais il bute sur quelque chose : la représenter. On comprendra tardivement le pourquoi de cette fiction impossible (deux photos d'Irène la révèlent comme une femme magnifique, mais c'est aussi son instabilité de caractère qui entrave Cavalier) ; cependant, un autre film se fera, celui qu'on découvre sous nos yeux, et il est bouleversant. En filmant des carnets, des chambres d'hôtels, les lieux où ils ont vécu, Cavalier fait revivre Irène comme un fantôme qui hante sa mémoire et ses plans. Il passera même près de la mort dans cette quête obstinée et ambivalente. Se sent-il coupable ? Ou juste porteur d'une mission mémorielle ? Si la matière est tragique, le film est cependant toujours drôle, comme en témoigne le rôle tenu par Sophie Marceau, bien plus vivante ici que dans le tout pourri Ne te retourne pas de Marina De Van. Vivement que ce film sublime sorte en France !


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