Ça passe ou ça casse

Le Croiseur ne passera pas l'été si le public n'est pas au rendez-vous ce week-end. "Home suite home" est l'opération de la dernière chance pour sauver ce lieu de création et de diffusion artistique. Nadja Pobel


Il y a urgence à aller voir ce qui se fabrique dans les murs du Croiseur. Ce lieu, créé en 2000, remplit une double mission de formation et de diffusion. Niché dans une friche industrielle à Gerland, cette école-salle de spectacle a été mise sur pied par Didier Vignali avec l'appui de ses acolytes Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui afin de proposer aux jeunes créateurs un endroit unique où ils peuvent travailler et montrer leur production au public. Mais le bateau prend l'eau. Depuis un an, et des prises de bec avec la Région quant à la formation, les crédits sont bloqués. Ajoutez à cela la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) qui a traîné des pieds pour reconduire l'accord triennal des scènes découvertes lyonnaises ; il manque beaucoup d'argent dans la trésorerie du Croiseur. «Ces tergiversations ont été catastrophiques», selon Didier Vignali. La DRAC Rhône-Alpes a contraint les scènes découvertes à subir une année de transition. Les contrats arrivaient à échéance en décembre dernier et auraient dû être reconduits pour 2009, 2010 et 2011. 2009 est en fait une année suspendue au terme de laquelle les cartes seront redistribuées car un appel à candidature est lancé pour un prochain contrat qui courra pour 2010, 2011 et 2012. Didier Vignali planche donc pour rendre sa copie et décrocher le Graal, peut-être dans quelques mois. En attendant, le Croiseur est dans l'action. Le mois de mai est un mois de révolte auquel participent les anciens et actuels élèves et les professeurs avec engouement et vitalité. "Une programmation qui nous ressemble"
Ce dernier week-end s'annonce «exactement à notre image, il nous ressemble totalement», affirme le directeur affairé. Il y a de la danse, du théâtre burlesque, de l'art dramatique et de la musique. Poutrelle fever sera sur la scène jeudi 28 mai à 22h30. Le leader de ce groupe influencé par la Mano Negra est un élève du Croiseur qui a suivi une formation burlesque l'an dernier. Dans leur sillage, les Poutrelle fever ont fait venir leurs amis des Tohpkitap et de la Petite Épicerie. «Les autres groupes ont suivi par solidarité», dit encore plein de reconnaissance Vignali. Tout au long du reste du week-end, la danse, les concerts et le théâtre vont s'enchaîner dans un esprit festif et de combat. Jean-Marc Avocat a d'ailleurs choisi astucieusement de rejouer «Les Aventures de Jean Foutre La Bite», un texte caustique et provocateur d'Aragon (présenté vendredi 29 mai à 20h).Courant mai, le croiseur a déjà récupéré 25 000€ mais il en faudrait le double voire le triple pour que l'aventure continue. Didier Vignali le dit sans atermoiement : «ça passe ou ça casse, ce week-end est décisif pour l'avenir du lieu».


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