Suicide artistique


Zoom / Dans la pénombre, ça clignote et ça scintille (néons, ampoules) en jaune, vert, bleu, rouge... C'est mignon tout plein et, pour un peu, on aimerait passer Noël dans les espaces du musée consacrés aux œuvres plastiques d'Alan Vega. D'ailleurs, on trouvera un peu plus loin des guirlandes électriques et, surtout, dans presque toutes les œuvre, des crucifixions... Ubiquité du Christ, fiat lux, épiphanies à la pelle... Les éboueurs new-yorkais doivent avoir beaucoup de sympathie pour l'ex-leader du groupe Suicide (fondateur d'un rock électro minimaliste), car c'est dans la rue qu'Alan Vega récupère planches, câbles, grillages, bouteilles vides, rebuts divers, pour composer ses œuvres cruciformes, dites «light sculpture», toujours parsemées d'ampoules et de néons. Personne ou presque ne connaissait jusqu'à présent l'activité artistique du gourou underground, pratiquée pourtant depuis 1968. Et personne n'aurait dû s'en plaindre tant elle relève seulement du bricolage et de l'anecdote. Pour son exposition, Vega s'est quand même fendu d'une nouvelle production, Infinite Mercy, Lyon Alterpiece. Soit une sorte d'autel composé de trois immenses panneaux (deux horizontaux et un vertical, ça fait une croix !) : à gauche des images de boxeurs et tout un bric-à-brac de néons et de trucs qui pendouillent ; au centre un Christ avec à ses pieds cloutés trois téléviseurs ; à droite des images de soldats nazis voisinant lourdement avec des drapeaux américains. Les proches de Vega s'extasient sur sa capacité à recycler : recycler les détritus de New York, recycler ses propres œuvres pour en créer d'autres (il faut préciser qu'à 70 ans, l'artiste perd un peu la mémoire et ne sait plus trop comment remonter ses anciennes créations), recycler quelques «restes» d'une exposition précédente du musée. Ah ! la résurrection comme forme de recyclage, ou l'inverse, il fallait y penser… JEDAlan Vega
Au Musée d'art contemporain jusqu'au 2 août.


<< article précédent
Mylayne, oiseau rare