Tokyo !

Michel Gondry, Leos Carax, Bong Joon-Ho MK2 vidéo


Film à sketchs est en général synonyme d'œuvre inégale. D'où surprise à la vision de Tokyo ! : si on peut préférer un segment plutôt qu'un autre, aucun de ces trois moyens-métrages ne démérite à l'arrivée. La commande de départ (demander à des cinéastes étrangers d'imaginer une histoire se déroulant à Tokyo) aurait pu aboutir à un Tokyo je t'aime indigeste. Mais Gondry, Carax et Bong ont pris les choses au sérieux, et non comme une récréation à l'intérieur de leur œuvre. C'est particulièrement vrai avec Merde de Carax, puisqu'il s'agit de son retour au cinéma neuf ans après Pola X. Les tribulations d'un clochard parlant une langue inconnue et projetant de détruire la civilisation japonaise pour des motifs obscurs, sont l'occasion d'une comédie farfelue tournée à l'arrachée et en DV, parfaitement synchrone avec l'esprit de l'époque (nombreuses allusions à l'actualité et incorporations de flashs télé et d'images volées sur Internet). Le film est effectivement furieux, et donne envie d'en voir plus (c'est le projet de Carax : une suite aux États-Unis). À côté, les fantaisies poétiques de Gondry et Bong Joon-Ho peuvent paraître sages : mais entre cette femme qui se transforme en chaise et cet ado ayant choisi de se couper de toute vie sociale, les deux autres segments complètent le portrait d'une mégalopole qui ne sait plus quoi faire des êtres humains qui la surpeuplent. Rattrapage impératif ! CC


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Frangins malgré eux