Du rififi chez les hommes

Jules Dassin Gaumont vidéo


La prestigieuse firme à la marguerite a décidé de faire entrer les fleurons de son catalogue à l'ère du numérique. En dehors de son ciné-club digital mensuel, il édite en DVD des chefs-d'œuvre moins populaires mais absolument essentiels — une copie restaurée des Yeux sans visage de Franju, immense film fantastique français, vient de sortir. Quant au Rififi de Jules Dassin, c'est une merveille de film noir. Après avoir fait ses armes à Hollywood où il se fait remarquer en signant des polars de série B d'excellente facture (Les Démons de la liberté, La Cité sans voile), il arrive en France en 1955 et y réalise ce film qui marqua durablement les esprits. Le pitch est classique (deux petits voyous s'associent pour un dernier coup qui devrait les mettre à l'abri pour le restant de leurs jours), et c'est bien la mise en scène de Dassin qui lui confère sa singularité. Dans des décors urbains somptueux comme seul Alexandre Trauner savait en créer, les personnages semblent condamnés à un destin tragique avant le moindre geste. Le geste, c'est d'ailleurs l'enjeu majeur de la longue séquence centrale du casse, où il ne faut pas prononcer un mot et exécuter le mouvement parfait. La scène est tellement géniale qu'elle a ensuite été reprise chez Becker (Le Trou), Melville (Le Cercle rouge) et même De Palma (Mission impossible). Un héritage prestigieux pour un film remarquable. CC


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«Le film compte beaucoup»