Rafraichissement


Théâtre / Le spectacle n'est même pas commencé qu'il a déjà absorbé le spectateur avec cette diva blonde platine parée de rouge et de lunettes façon Lolita de Kubrick qui occupe la scène. Assise sur des cuvettes de WC avec classe et une certaine arrogance, elle rappelle en une fraction de seconde que pénétrer dans l'univers de Copi n'est pas anodin. L'écrivain argentin est réputé pour être déjanté, mais il est plus exactement un disséqueur du genre humain. Interrogeant constamment la sexualité, il joue avec les codes, à commencer par les plus évidents : l'apparence physique. Le jeune metteur scène grenoblois François Jaulin s'engouffre dans cet appel d'air en parvenant à garder une conduite. Les textes de Copi donnent parfois lieu à des mises en scène débridées et hallucinées et in fine peu communicatives. Ici, glissé dans des habits féminins taille 36, Fabien Albanese est à son aise pour transmettre le mal-être de son personnage. Il est L., mannequin homosexuel et aspirant écrivain qui enchaîne les viols dans les couloirs et les rails de coke à la farine. Le comédien endosse avec brio les rôles de sa majordome assassine, de son mère envahissante, de sa psy «Fraulein Freud» et de son rat, son dernier amour. Dans cet ensemble hétéroclite, tout est techniquement impeccable et visuellement saisissant. L'émotion se fraye alors un chemin dans la folie de Copi. Même si l'autre pièce, Loretta Strong, est moins convaincante, Jaulin ne s'est pas contenté de suivre Copi, il lui a inventé un abri où restituer la douloureuse force de ses textes. Nadja PobelLe Frigo + Loretta Stong
Aux Clochards Célestes, jusqu'au 21 juin.


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Âge tendre et têtes d’affiche