Éclats amoureux

Intranquilles / Musicien rock, metteur en scène boulimique et cinéphile, Mathieu Bauer n'aime rien mieux que briser les frontières du théâtre pour créer des spectacles atypiques, décentrant ou fragmentant le texte pour le mêler aux flux des images et de la musique...


Il s'empare aux Subsistances du célèbre opéra de Wagner, Tristan et Isolde, «pour [se] promener librement à l'intérieur de ce monument, le revisiter». «Les airs de Tristan et Isolde m'aident à vivre, même si paradoxalement les deux amants y aspirent à mourir... Il ne s'agit pas pour moi de monter un opéra, mais de raconter quelque chose sur notre incapacité à nous consoler, sur notre difficulté à lâcher prise pour continuer ailleurs, reconstruire sur les cendres du passé, persévérer...». Le spectacle débute à l'envers à partir de la mort de Tristan : sur scène, c'est un Tristan contemporain et vieillissant (Marc Berman), à bout de souffle et perdant pied, qui évoque l'opéra, le mythe des amants, interroge les morts et nous, les vivants. Mathieu Bauer se lance alors dans une sorte de vaste contre-champ, de plongée en apnée dans Tristan et Isolde, pour en multiplier en fragments les points de vue, avec une poignée de personnages (dont Judith Henry incarnant Isolde), un livret réinventé par l'écrivain Lancelot Hamelin, une jeune chanteuse lyrique (Pauline Sikirdji), et quelques musiciens (guitare électrique, cuivres, piano, batterie...) adaptant à leur goût la partition de Wagner. Autant d'éclats ou de copeaux pour disperser la pensée et retrouver l'urgence d'une relation amoureuse. Jean-Emmanuel Denave«Tristan et...» d'après Wagner, ms Mathieu Bauer
Aux Subsistances, du 23 au 27 juin.


<< article précédent
«L’aspect sulfureux des musiques électroniques n’existe plus».