Charlotte au poivre


En tournant le controversé (jusqu'à l'intérieur de nos colonnes) Antichrist, Lars Von Trier pensait sûrement faire son Possession. La postérité jugera si effectivement cette œuvre radicale rejoindra au sommet des films cultes le chef-d'œuvre de Zulawski, mais le résultat festivalier a été équivalent : comme Adjani en 1981, Charlotte Gainsbourg a remporté le prix d'interprétation féminine à Cannes. Sur scène, elle dédia la récompense à son père, en espérant «qu'il aurait été très fier, et très choqué» par le film. Et il est vrai que ce que Charlotte fait dans Antichrist a quelque chose à voir avec le geste artistique de Serge : elle y met son âme (douloureuses séquences de deuil) et son corps (intense scène de masturbation) à nu, allant fouiller là où ça dérange et où ça choque encore. Von Trier semble d'ailleurs parfois à la traîne de l'énergie folle de son actrice, sa mise en scène hésitant entre lyrisme stylisé et réalisme post-dogme. Charlotte Gainsbourg ne s'est pas posé ce type de questions : elle a foncé tête baissée dans ce rôle dont elle sort grandie.

CC


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