Murat en son Palais

Temps fort des Musicales du Palais, Jean-Louis Murat investit le Palais Idéal du célèbre facteur de Hauterives où les univers de ces deux artisans stakhanovistes devraient communier à merveille. Stéphane Duchêne


Festival - Musique / «Plus opiniâtre que moi se mettre à l'œuvre», disait Ferdinand Cheval. Opiniâtre, le facteur de Hauterives l'était, qui a construit au long d'un labeur de 33 ans, de 1879 à 1912, son «palais idéal» au moyen de cailloux et matériaux ramassés sur sa tournée, pour passer le temps. Le Palais du facteur Cheval est ainsi entré à la postérité comme un fleuron de l'architecture naïve. Recevant les hommages successifs des surréalistes, du cinéaste Chris Marker et de Gérard Manset, le monument fut classé en 1969 par le ministre de la Culture de l'époque, André Malraux. On ne sait si Jean-Louis Murat a un jour entendu cet appel à l'ouvrage, toujours est-il que l'Auvergnat a lui aussi fait de l'opiniâtreté le fil de sa très prolifique carrière.

«Fils de paysan»
Depuis Mustango en 1999, Murat écrit, compose et publie un album par an, parfois davantage, au moyen des états d'âme qu'il ramasse lui aussi en tournée, ou chez lui dans son massif d'Auvergne. Non pas artiste mais artisan, s'attelant à la tâche chaque jour que Dieu fait, au saut du lit, quand d'autre se contentent péniblement du minimum syndical au rythme d'un album tous les 3, 5, parfois 10 ans. Ce concert très attendu sera, du moins pour cette saison, le dernier de Murat seul sur scène. En septembre, JLM remettra sans doute le couvert suite à la sortie de son prochain album prévu pour la rentrée. Dix ans après Tucson (Arizona) pour Mustango, Murat, homme d'atmosphère que les lieux inspirent, est cette fois allé puiser sa matière musicale en la mythique Nashville (Tennessee), matrice du rock n'roll. C'est là qu'œuvrèrent d'autres pionniers aussi illuminés que le facteur de Hauterives, des gars de la terre, issus des basses besognes, qui auraient pu glisser dans un hymne rock ces vers de Ferdinand Cheval écrits en 1905 : «Fils de paysan, je veux vivre et mourir pour prouver que dans ma catégorie il y a aussi des hommes de génie et d'énergie».


<< article précédent
Clare de Lune