Sans contrefaçon

Danse / Un metteur en scène et deux danseurs. Robert Lepage, Russell Maliphant et Sylvie Guillem se sont lancés dans un projet inattendu. Raconter et donner à voir sur une scène la vie de Charles de Beaumont, plus connu sous le nom de Chevalier d'Éon.


Danse / Un metteur en scène et deux danseurs. Robert Lepage, Russell Maliphant et Sylvie Guillem se sont lancés dans un projet inattendu. Raconter et donner à voir sur une scène la vie de Charles de Beaumont, plus connu sous le nom de Chevalier d'Éon. Du capitaine des dragons, espion de Louis XV, on retient surtout l'ambiguïté qui demeura autour de son sexe, lui qui fut condamné par Louis XVI à porter pendant plus de trente ans le vêtement féminin. Dans Eonnagata, le trouble n'est pas uniquement sexuel, il est également à l'origine même de ce spectacle mélangeant récits, lectures, arts martiaux japonais et chinois, combats d'épée, danse contemporaine… Trois périodes de la vie du Chevalier sont évoquées dans une succession de tableaux splendides, dont la beauté hypnotique doit beaucoup aux lumières de Michael Hulls. La «griffe» du metteur en scène canadien Robert Lepage est également palpable dans cette création où la danse sert continuellement le récit. Le mélange des sexes, des âges, des références, des cultures ne dessert pas la narration, mais permet au contraire de passer naturellement de la violence sourde des percussions à la grâce aérienne d'une danse sur un miroir. Car, si mélange il y a, les trois artistes l'ont voulu subtil ; Sylvie Guillem dévoile ses talents de conteuse, Robert Lepage participe aux passages dansés avant d'apparaître en Chevalier vieillissant, le corps de Russel Maliphant vient à se confondre avec celui de la danseuse… Eonnagata préfère assurément la poésie à la performance. Les amateurs de danse contemporaine trouveront peut-être le spectacle un peu didactique (certains passages dansés sont la traduction par le corps du texte dit) mais Eonnagata n'en demeure pas moins une œuvre étonnante et risquée, visuellement irrésistible. Dorotée AznarEonnagata
Au Grand Théâtre de Fourvière, les 9, 10 et 11 juillet.


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Omar Souleyman