Village People


Disque / Il est des groupes et des disques qui nous réconcilient avec une chanson française qu'on a tendance à bouder toutes les cinq minutes, à la moindre apparition d'une chanteuse à gouaille. Les King Kong Vahiné appartiennent à cette catégorie de groupes, sûrement parce que la gouaille n'est pas vraiment leur truc. Sûrement aussi parce que le trio lyonnais chasse sur les mêmes terres que les formations de feu le label Lithium ou du Village Vert. De village, s'il n'est pas vert, il est question ici. C'est même le titre de l'album et de la chanson qui l'ouvre, doucement addictive. La recette de King Kong Vahiné est toujours la même et c'est justement celle qu'on aime : un minimalisme quasi aphone, volontiers new wave, et quelques rayons de fantaisies électroniques ou accordéonistes. Voilà d'ailleurs l'un des rares groupes à pouvoir se permettre d'user du piano à bretelles sans qu'on ait envie de se farcir un Gavroche dans la minute. Et puis il y a les textes de Denis Rivet, mélancoliques et détachés, en proie à la désincarnation, avec ce quelque chose d'un exode rural raté : la pochette rose du précédent album, La Ville est tranquille, laissant place au carton noir et blanc d'une réalité dont il faut s'accommoder. Une réalité où les déclarations d'amour lâchent des perles comme «je fais de mon mieux pour te pourrir la vie». Pas forcément un disque pour l'été, on l'aura compris, mais peut-être, comme le chante Denis Rivet, un «avant-goût de septembre en plein de mois de juillet». Quand les vahinés commencent à ressembler à King Kong, il est sans doute temps de reprendre la route et de rentrer au bercail. King Kong Vahiné
Le Village
(Anthropoïde/Birdy Birdy Partners)


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