Cinéma français / On n'avait pas vu ça depuis un bail : le cinéma français propose un programme exceptionnel pour cette rentrée 2009. Un prophète domine les débats — on se répète, mais un film pareil, il y en a un tous les dix ans en France ; cependant, d'ici décembre, des cinéastes aussi respectables que Christian Carion (L'Affaire Farewell), Robert Guédiguian (L'Armée du crime), Alain Resnais (Les Herbes folles), Jean-Pierre Jeunet (Mic-Macs à tire-larigots), Lucas Belvaux (Rapt), Karim Dridi (Le Dernier Vol) ou, le plus grand d'entre tous, Alain Cavalier (Irène), occuperont les écrans hexagonaux. Au-delà de cette liste prestigieuse, et peut-être même au-delà de la réussite des films eux-mêmes (le Jeunet par exemple suscite quelques inquiétudes au vu de ses bandes-annonces, qui sentent la redite post-Amélie Poulain), c'est l'ambition de tous ces projets qui fait plaisir à voir. Certes, il y a parfois des gouffres entre chacun — le one-man-film sublime de Cavalier a dû coûter l'équivalent de deux secondes de la superproduction signée Jeunet — mais les territoires s'élargissent avec bonheur : l'Histoire récente (Guédiguian, Carion, Dridi), le cinéma de genre (Carion encore, Belvaux, à qui il faudrait ajouter les jeunes Éric Valette, de retour avec un film d'espionnage intitulé Une affaire d'état, et Franck Richard, qui signe son premier film — d'horreur — avec La Meute), ou l'introspection fantaisiste et formellement novatrice (Cavalier et Resnais). Globalement, le cinéma français semble abandonner ce qui, ces dernières années, semblait le gangrener : acteurs qui passent un peu vite à la mise en scène, films surproduits aux castings attendus, comédies vulgaires signées sur un coin de table… La fenêtre de tir est cependant déjà en train de se refermer : la crise de deux des sources principales de financement du cinéma (les banques et les chaînes de télé) augurent de nouvelles frilosités. Raison de plus pour profiter de cette rentrée : il n'y en aura peut-être pas d'autres à ce niveau d'ici longtemps…
CC