Lumière dans les villes

C'est le grand enjeu de la rentrée cinéma lyonnaise : un festival aux moyens conséquents, s'attaquant à un continent gigantesque de la cinéphilie (le cinéma de patrimoine), mêlant invités prestigieux et programmation pointue et investissant le territoire lyonnais et sa périphérie. Christophe Chabert


Petit à petit, le festival Lumière prend forme. Rappel pour ceux qui sont partis prématurément en vacances : sous l'égide du Grand Lyon (la communauté de communes lyonnaise) et de l'Institut Lumière (avec à sa tête Thierry Frémaux, par ailleurs délégué général du Festival de Cannes), cette nouvelle manifestation cherche à mettre en «lumière» le cinéma de patrimoine, autrement dit le «cinéma d'avant», que ce soit celui d'hier, d'avant-hier ou d'il y a déjà un siècle. Un vaste territoire cinéphile, donc, pour un tout aussi vaste territoire géographique à investir, de la Presqu'île jusqu'aux Monts-d'or. Pas de compétition, ni de jury dans ce qui est avant tout une joyeuse vitrine cherchant à arrêter le temps du cinéma (et sa frénésie de nouveautés) autant qu'à le remonter. Moment central du festival, le Prix Lumière sera décerné à un cinéaste vivant dont l'œuvre a participé au rayonnement de l'art cinématographique. C'est Clint Eastwood qui inaugurera la distinction en personne, lui l'ultime et flamboyant représentant du cinéma classique américain. Son dernier film, Gran Torino, un des meilleurs de 2009, vient à lui seul justifier largement ce choix, tant Eastwood s'y livre à une bouleversante réflexion sur la transmission et l'héritage.

Transmission

Car c'est bien cela dont il est question avec le festival Lumière : qu'est-ce qui se transmet d'une décennie à l'autre dans le cinéma ? Logiquement, le festival revient donc aux sources du cinéma d'Eastwood en exhumant l'œuvre de ses deux maîtres : Sergio Leone (dont on verra l'intégralité de l'œuvre dans des copies neuves ou restaurées, mais aussi les deux westerns où il ne fut que producteur, Mon nom est personne et Un génie, deux associés, une cloche) et Don Siegel (maître de la série B et précurseur du cinéma contestataire et violent des 70's). On en sait un peu plus aussi sur les films présentés dans les sections films restaurés et en «avant-première» de leur reprise nationale (les deux sections ayant semble-t-il fusionné durant l'été) : le western progressiste Soldat Bleu de Ralph Nelson, le rarissime Le Prix d'un homme de Lindsay Anderson, le docu de Serge Bromberg autour des rushs retrouvés de L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, la trilogie allemande d'Axel Corti, un grand polar français des années 80 (Extérieur nuit de Jacques Bral) et un autre, fleuron des années 50 (Du rififi chez les hommes de Jules Dassin), la copie numérique restaurée de Pierrot le fou… On se chargera, jusqu'à l'ouverture du festival le 14 octobre, de détailler son programme (encore incomplet) et d'éclairer à notre façon cet enjeu d'une manifestation consacrée au patrimoine cinématographique.


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Peter Philips