La hausse de l'ancien

Des reprises de plus en plus gonflées, et des ciné-clubs nouvelle génération en vitesse de croisière : le cinéma d'hier s'offre une nouvelle jeunesse dans les salles. CC


Si le cinéma contemporain est en pleine forme, le cinéma du passé ne va pas mal non plus, merci. Les quatre mois à venir le prouvent : non seulement les dispositifs mis en place les années précédentes sont reconduits, mais le programme des reprises en salle se fait de plus en plus pointu. Un exemple fulgurant : The Molly Maguires de Martin Ritt. Le film n'est pas inédit en France (il est sorti sous le titre Traître sur commande), mais sa ressortie opportune va filer une grande claque à tout cinéphile qui se respecte. Il raconte la naissance d'un mouvement radical dans les mines de charbon de Pennsylvanie, qui luttait pour l'amélioration de ses conditions de travail en sabotant ses outils de production. Sean Connery incarne un des leaders du groupe, mais c'est bien l'infiltré de l'état américain joué par Richard Harris qui est le véritable «héros» du film. Formidable d'ambivalence, Harris accomplit sa mission avec mélancolie, ne cachant pas sa sympathie pour ceux qu'il va trahir. Quant à la mise en scène, elle n'est pas sans évoquer le There will be blood de Paul Thomas Anderson. Le plan du générique, par exemple, est ce que vous verrez de plus somptueux sur un écran cette année. Les autres reprises de la saison formeront aussi un panorama très gay de l'histoire du cinéma : Victim de Basil Dearden (un pamphlet dénonçant la répression de l'homosexualité en Angleterre qui, en dehors de sa valeur de témoignage, a salement vieilli), My own private Idaho de Gus Van Sant et Querelle (le dernier Fassbinder, dont l'ampleur esthétique esquisse ce que son cinéma aurait pu devenir ensuite) seront aussi à l'affiche.

Collections particulières

La Ciné-collection est devenue une institution des salles du GRAC (réseau d'écrans de la périphérie lyonnaise) et reprend naturellement du service cette saison. Pour ouvrir le bal en septembre, le western culte de Nicholas Ray, Johnny Guitar avec Sterling Hayden ; en octobre, un des meilleurs films de Sautet, Max et les ferrailleurs ; en novembre, un chef-d'œuvre de la comédie italienne, Le Fanfaron de Dino Risi ; et enfin, pour finir l'année, le magnifique L'Aventure de Madame Muir de Mankiewicz avec la sublime Gene Tierney. C'est ce qui s'appelle un sans-faute ! Le Gaumont ciné-club digital s'offre aussi une deuxième saison, sous le signe de Georges Lautner : en dehors des incontournables Barbouzes et Tontons flingueurs, le plus rare Pacha avec Gabin, proposé comme les autres en version numérique haute définition restaurée au Pathé Vaise. Pour terminer, impossible de ne pas dire un mot du prochain Épouvantable vendredi à l'Institut Lumière : on y rendra hommage au génial Dario Argento en trois films. Autant dire qu'on s'en prendra, ce soir-là, plein les mirettes.


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