36 vues du Pic Saint-Loup

de Jacques Rivette (Fr-It, 1h24) avec Jane Birkin, Sergio Castellitto…


Il serait facile de dire que Rivette signe ici son film de trop. Car, à vrai dire, depuis dix ans, chacun de ses films est en trop. Il faut être maso pour continuer à trouver passionnant ce cinéma qui n'en peut plus de réfléchir sur son impureté (un coup la littérature, un coup le théâtre, un coup la peinture ; ici le cirque), où tout passe en force théorique (sommes-nous dans la réalité du récit ou dans sa représentation ?) et où la fantaisie est non seulement sinistre mais consciente de l'être. Il y a un réel cynisme chez Rivette : on se souvient du dialogue moqueur sur la critique (qui lui assure sa survie artistique) dans Ne touchez pas à la hâche. Ici, c'est un spectacle de clowns dépressifs qui provoque un éclat de rire chez le spectateur Castellito. «Pourquoi vous avez ri ? — Je ne sais pas…» Nous non plus, car rien n'est drôle, tout est fastidieux, pesant, ennuyeux. Enfin, avec ses quatre-vingt-quatre minutes, on pourrait penser que Rivette va, cette fois, nous épargner ses longueurs habituelles. Eh non ! 36 vues du Pic Saint-Loup démontre, pour notre malheur, que son cinéma est ontologiquement chiant.

CC


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