L'Affaire Farewell

De Christian Carion (Fr, 1h53) avec Guillaume Canet, Emir Kusturica…


Après la première guerre mondiale de Joyeux Noël, Christian Carion fait un bond dans l'histoire française : en pleine guerre froide, un petit ingénieur de Thompson en poste en URSS est approché par un agent du KGB lui révélant les noms des taupes infiltrées à l'Ouest. Nous sommes peu après l'élection de Mitterrand, et Reagan se méfie de ce président socialiste qui a nommé dans son gouvernement des ministres communistes. Les informations de «Farewell» vont rétablir la confiance entre les deux pays… Ce matériau-là, Carion en fait la meilleure part de son film : une comédie du pouvoir où l'espionnage et les relations internationales sont traitées avec la même quotidienneté, loin de tout académisme (Reagan regarde des westerns, Farewell rêve de Léo Ferré et de poésie française…). La composition de Kusturica, assez étonnante, donne ainsi un caractère bouffon et attachant à cet agent visionnaire qui veut accélérer le cours de l'histoire. En revanche, le film rate totalement la partie sentimentale du récit, soit toute sa deuxième heure. S'appuyant sur un énorme cliché (oui, se battre pour de grandes idées ne va pas sans dommage domestique !), s'enlisant à peu dans un double psychodrame redondant cassant sa mécanique de thriller, L'Affaire Farewell perd subitement toute légèreté. C'est peut-être bon signe : Carion est plus à l'aise quand il s'éloigne des territoires habituels du cinéma français que lorsqu'il en rejoue les notes les plus classiques.

CC


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