L'ingénierie de la culture

École / École publique d'ingénieur dont la réputation n'est plus à faire, l'INSA de Lyon est aussi un formidable vivier de culture. Balade dans les couloirs de cet institut scientifique pas comme les autres. Nadja Pobel


Les bâtiments plantés entre les rues du campus de la Doua ont un peu la couleur du béton, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Dans cette école des sciences appliquées lyonnaise, la culture a une place prépondérante, plus encore que dans les quatre autres INSA de France. Près de 5000 étudiants s'apprêtent ici à devenir ingénieurs en génie civil, informatique ou génie mécanique. Leur cursus dense de cinq années, à raison d'environ trente heures de cours par semaine en début de formation, n'en fait pas pour autant des rats de bibliothèque ou de laboratoire. Pour satisfaire la soif de curiosité de ses pensionnaires, l'INSA propose quatre sections «arts-études» concernant la danse, le théâtre, la musique et les arts plastiques. Cinq cents jeunes scientifiques suivent ces spécialisations. Aucune note n'est attribuée à l'issue de cet enseignement et donc aucun «bonus» n'est à pourvoir lors de la validation finale de chaque année. Les étudiants sont là pour le plaisir. En musique-étude, seule section accessible dès la première année, ils doivent déjà posséder un bagage musical. Les cours permettent surtout de conserver une pratique musicale en choisissant de s'orienter vers des thèmes comme l'histoire de la musique, le jazz, la musique électroacoustique ou le chant. La dernière-née de ces sections concerne la danse mise en place en 1991, sous le parrainage de Maurice Béjart. Clubbers
Outre ces spécialisations très encadrées, les étudiants ne manquent pas d'initiatives en tout genre et pilotent une soixantaine de clubs ! Regroupés en associations, les apprentis ingénieurs ont monté un Japan video club, un orchestre symphonique ou encore la ‘TTI', Troupe Théâtrale de l'INSA, fondée en même temps que l'INSA, en 1957. Toujours très active, la TTI forme aux techniques de jeu du comédien lors d'ateliers et explore les domaines du théâtre traditionnel tout autant que les sketches ou l'improvisation. La plupart des activités sont ouvertes à tous et les Villeurbannais peuvent se rendre à la Rotonde, rare salle de spectacle française à être gérée par une association d'étudiants. C'est ce même esprit de dynamisme et d'organisation qui a fait le succès des 24h de l'INSA. La manifestation printanière est née en 1972 à l'initiative de deux élèves qui s'étaient fixés un défi : pédaler pendant 24 heures sur le campus. Désormais, des concerts et spectacles accompagnent les sportifs. Autre rendez-vous annuel : le festival Un Doua de jazz qui se déroule ce mois-ci. En attendant cette semaine musicale, l'INSA s'inscrit dans le parcours Résonance de la Biennale d'Art Contemporain et expose les dessins et photos de deux jeunes artistes. Preuve, s'il en fallait encore une, que cette école d'ingénieurs est aussi le lieu d'un bouillonnement artistique intense.


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«Un effet de réel maximum»