Entrain fantôme

Musique / À force d' «arriver bientôt», les Coming Soon ont fini, contrairement à l'Arlésienne, par être partout en même temps.


Physiquement d'abord : BO du film Juno avec Kimya Dawson pour le batteur Leo Bear Creek, album solo pour Howard Hugues, festivals divers, collaborations avec Indochine, Étienne Daho et Olivia Ruiz (ce que ça fait d'être branché !), premières parties de Dionysos. Musicalement ensuite, tant leur anti-folk ratisse l'horizon d'un paysage largement rock. En témoigne le tout chaud ‘Ghost Train Tragedy', mené par le faussement lascif single ‘Love in the Afternoon'. Chaud bouillant même, jusqu'à enflammer le gilet en jean du jeune homme sur la pochette. Fiévreux comme ‘Walking', qui ouvre l'album, parfois pressé comme sur l'entêté Back Seat, single potentiel. Mais toujours avec cet enthousiasme un peu fantôme, cette démarche zombiesque hantée par la musique du passé (Leonard Cohen, Velvet Underground, la country, Pavement) mais prête à dépecer celle du présent. Toujours fidèle aussi à cet univers étrange et ironique fait, comme chez les nouveaux amis Dionysos, de bric mélancolique et morbide et de broc sacrément déconneur. Une fois de plus le collectif impressionne et chacun a l'occasion de briller (Steel Wire, School Trip Bus Crash). Mais la figure marquante du groupe et de l'album reste Howard Hugues, chanteur première classe aux inflexions fatales, auteur étoilé dont les prêches célèbrent pour les siècles des siècles, comme on dit à la messe, le Cohen éternel de ‘Death of a Ladies' Man'. Stéphane Duchêne


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L'ingénierie de la culture