Déflagrations burlesques

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Peut-on rire franchement au théâtre ? Si la question a de quoi surprendre, force est de constater que les jeunes metteurs en scène contemporains sont souvent plus enclins à rechercher d'autres types d'émotions chez le spectateur, craignant de ne pas être pris au sérieux par leurs pairs. La compagnie Le Spoutnik décide de passer outre ces réflexions existentielles pour offrir au public deux spectacles bluffants et extrêmement drôles. IIIe siècle avant notre ère, sous la dynastie des Souchong. La fille de l'empereur ne peut se résigner à épouser son promis, elle qui se pâme d'amour pour un simple serviteur. ‘Vengeance nippone' raconte la suite : ici, on est clairement dans le rire pour le rire, ce qui n'est pas sans rappeler la feu troupe de comiques les Robins des bois. Le metteur en scène Rémy Piaseczny a créé un univers déglingué pétri de références cinématographiques et littéraires, la pièce devenant une série B théâtrale et musicale de haute tenue qui séduit par son exigence. Le tout sans jamais tomber dans le graveleux ou la facilité (même si on conçoit que les plus réfractaires à l'humour gros sabots puissent rester dubitatifs).«Mon petit Denis»
Changement radical d'ambiance avec ‘Human profit' (photo), qui traite de la notion de lavage de cerveaux. Deux des comédiens multi-rôles de ‘Vengeance nippone' interprètent ici Denis et Fabrice, jeunes hommes perdus dans leur corps et traumatisés psychologiquement. Ils sont récupérés par un homme mystérieux, censé les aider. Si la première création pouvait sembler un peu foutraque quelques fois, celle-ci apparaît plus élaborée, se construisant petit à petit autour des deux personnages principaux. François Herpeux et Charlie Danancher, exceptionnels (le premier vient justement d'être engagé par Claudia Stavinsky sur sa prochaine création), font beaucoup à la réussite du spectacle, avec un travail effectué autour du corps : on s'approche ainsi de l'art des comiques muets, Buster Keaton en tête. Finalement, même si ‘Vengeance nippone', «japan trip» médiéval, et ‘Human profit', petite perle clownesque, sont différents en de nombreux points, ils ont en commun une générosité intrinsèque et mettent en évidence le talent indéniable du Spoutnik pour la fabrique d'univers (l'écriture a été collective, d'où une véritable appropriation du discours par tous). Il est donc urgent de découvrir le travail d'une jeune compagnie lyonnaise burlesque résolument moderne.VENGEANCE NIPPONE
Du 2 au 4 octobre, et les 15 et 16 octobre, salle Paul Garcin. Les 21 et 22 octobre au Croiseur.HUMAN PROFIT
Du 7 au 9 octobre, et les 17 et 18 octobre, salle Paul Garcin. Les 23 et 24 octobre au Croiseur.

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