Mort un dimanche de pluie

Joël Santoni LCJ Editions


La deuxième moitié des années 80 a été, pour le cinéma français, un véritable désert. Des cinéastes populaires en fin de partie (Oury, Verneuil, Lautner, Boisset ou Jessua s'y cassent les dents), des auteurs pas au meilleur de leur forme (Garrel y tourne ses opus les plus chiants, Téchiné patauge dans le roman-photo ; même Godard, Chabrol et Resnais connaissent des loupés avec 'King Lear', 'Madame Bovary' et 'I want to go home'), sans oublier ceux qui abandonnent la partie (Pascal Thomas et Joël Séria en premier lieu) ou quittent un temps la scène (Sautet). Seuls Pialat, Blier, Cavalier et, dans une certaine mesure, Tavernier, Berri, Mocky et Leconte, s'en tirent face à la montée en puissance catastrophique de Besson et Beineix. Et quand un OVNI se pose dans le paysage, personne ne sait trop quoi en faire… C'est ce qui arriva à l'étonnant 'Mort un dimanche de pluie', thriller captivant et sans concession, à la belle tenue artistique (sauf la musique, toute pourrave !) et aux choix de casting étonnants (Lavanant en mère vengeresse, Bacri en mari lâche et écrasé de culpabilité et un Jean-Pierre Bisson en méchant infirme vraiment terrifiant). Mais le film fut un échec sans appel, condamnant son réalisateur Joël Santoni à finir sa carrière à la télévision en dirigeant 'Une famille formidable !' Revoir cette curiosité aujourd'hui provoque un peu d'amertume : on a laissé passer l'occasion de faire du cinéma de genre crédible en France, et cette faille se paye encore au prix fort aujourd'hui. CC


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