Le Coup de l'escalier

Robert Wise Wild Side vidéo


La collection "Les Incontournables" de Wild Side a encore frappé en déterrant cette merveille du film noir signée en 1957 par Robert Wise. À classer dans la filmographie (éclectique et inégale) du cinéaste aux côtés de The Set-up, Le Coup de l'escalier (titre français bizarre et assez incompréhensible pour Odds against tomorrow) suit les pas d'un classique film de hold-up, mais en subvertit les ingrédients avec subtilité. Le casse lui-même est longtemps différé, Wise se concentrant sur sa préparation, si fastidieuse qu'elle annonce le fiasco à venir. Mais ici, ce n'est pas le destin qui fait dérailler la machine, mais les passions humaines, notamment celles qui vont opposer un ancien marine et ancien taulard (Robert Ryan, impressionnant) et un musicien de jazz noir criblé de dettes (Harry Bellafonte, excellent). Racisme, intolérance, préjugés : le fond de l'air américain est frais, et le film prend acte de ce désastre latent. Wise en rajoute une couche avec de nombreuses allusions à la menace nucléaire et à la guerre froide, créant un climat de paranoïa renforcé par les choix esthétiques de la mise en scène. Chaque image est composée au cordeau dans un noir et blanc très contrasté, avec des décors naturels soigneusement choisis pour leurs lignes coupantes et inquiétantes. C'est du très grand art, qui élève ce qui ne devait être qu'une série B très au-dessus de l'ordinaire du genre. CC


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