Théâtre en coin


Un mètre carré comme terrain de jeu pour deux comédiens. Jean-Pierre Roos ne craint pas les défis et les contraintes. Il a imaginé une rencontre dans un ascenseur et l'interprète avec une actrice, sous la houlette du metteur en scène André Fornier. Elle a 23 ans mais n'est plus si jeune. En révolte contre le père de son enfant qui vient de la quitter pour une autre, elle gagne sa vie en faisant des ménages afin de continuer à étudier la paléontologie. Lui a 53 ans et est déjà vieux. Paralysé dans sa vie conjugale dont il a démissionné depuis longtemps, il a même perdu le contact avec sa fille. La jeune héroïne le déteste immédiatement. Lui semble d'emblée mieux ici qu'ailleurs : il dissimule son téléphone portable sous les yeux des spectateurs, signifiant qu'il préfère languir dans un ascenseur plutôt que de passer un dimanche en famille. Dans un astucieux enchaînement de saynètes, ces deux insatisfaits vont s'apprivoiser. Les fondus au noir ponctuent leurs dialogues et une voix-off de radio annonce les heures qui s'égrènent sans fin. Joué avec conviction et imagination, ce texte contient quelques soubresauts narratifs un peu déconcertants (comme lorsque la jeune fille, après avoir vociféré sur son acolyte, le prend subitement pour un père de substitution). Mais, ces passages en force n'altèrent pas pour autant la richesse de cet échange entre deux générations et entre deux sensibilités moins dissemblables qu'il n'y paraît. Nadja PobelL'Ascenseur
À l'Espace 44, jusqu'au 11 oct.


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La danse, le ballet de l’Opéra de Paris