LOU BARLOW

Goodnight Unknown Domino


Les années 80, décennie de winners, accouchèrent en réaction d'une décennie de losers, les années 90, immortalisée par le tube éponyme qui lança le bon Beck. Mais le loser qui incarna le mieux cette décennie, depuis l'ombre qui sied aux perdants, c'est bien Lou Barlow. Car si Beck, avec sa petite bombe sale, fut le détonateur de la révolution lose, Barlow en fut, dès 1990, le discret théoricien à coups d'œuvres telles que ‘Losers, Winning Losers' ou ‘The Original Losing Losers', initiatrices d'un genre : le Losercore. Ce qui ne l'empêcha pas de former quelques groupes mythiques de la décennie comme Dinosaur Jr., Sebadoh, Sentridoh, Folk Implosion. Surtout, ce geek romantique dévoila des trésors de songwriting qui auraient pu lui octroyer un trône s'il ne s'était entêté à les enregistrer à la truelle rouillée (la fameuse lo-fi qu'il érigea, là encore, en esthétique). Pour son deuxième album sous son nom, Barlow construit toujours ses chansons, mieux produites, avec la sincérité désarmante de ses débuts. Car même en troquant la bure pour le coton, même avec l'expérience et la maturité de ses 43 ans, Barlow n'a toujours pas trouvé la clé de cette psyché féminine qui lui enseigna l'art de l'échec de plomb. Échec qu'en bon alchimiste post-grunge, il continue ici de changer en d'irréductibles pépites râpeuses. Comme les larmes qu'elles provoquent et qui laissent des cicatrices. SD


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