Le nouveau-né du TNP

Lundi 12 octobre, Christian Schiaretti, directeur du Théâtre National Populaire de Villeurbanne, a inauguré le petit théâtre Jean Bouise, en attendant la fin des travaux de la grande salle en 2011. Nadja Pobel


À la mi-temps des travaux, le Théâtre National Populaire renaît déjà avec l'ouverture d'une salle flambant neuve, rue Louis Becker, au dos de la grande salle encore éventrée. Sous terre, un espace de présentation pouvant accueillir jusqu'à 250 spectateurs a été aménagé et servira de lieu de jeu dès ce jeudi pour la création de ‘La Fable du fils substitué' mis en scène par Nada Strancar. Dans les étages, plusieurs salles de répétitions et de formations ont été conçues pour que les artistes puissent résider sur de longues périodes au TNP. Les représentants de la Région, du département, de la Ville de Villeurbanne et l'État, via le directeur de la DRAC Rhône-Alpes, étaient tous présents à cette inauguration rappelant leurs souvenirs et anecdotes de spectateurs au théâtre de la Cité puis du TNP. Ces quatre contributeurs publics ont financé les 7, 2 millions d'euros de coûts de cet ouvrage et subventionnent aussi les 17, 3 millions d'euros de la refonte de la grande salle qui devrait être livrée en janvier 2011.Pour cette remise des clés symbolique à Christian Schiaretti, Isabelle Sadoyan et Didier Bezace se sont livrés à l'exercice de la lecture d'une pièce qu'ils ont joué 150 fois : «Conversations avec ma mère» d'après le film argentin de Santiago Carlos Ovés. Ce dialogue ininterrompu entre un fils et sa mère avant, puis après la mort de celle-ci a constitué un habile et troublant écho au baptême de ce théâtre qu'Isabelle Sadoyan, très émue, nomme le «nouveau-né». La dénomination de ce lieu «n'était pas pas une idée ou un concept, dit Christian Schiaretti, il s'est imposé : Jean Bouise». Avec quelques autres comédiens, dont justement Isabelle Sadoyan qu'il épouse en 1954, Jean Bouise a participé à l'orée des années 1950 à la création du théâtre de la Comédie de Lyon qui fut le premier théâtre de création en province à donner des représentations chaque soir. Installé ensuite à Villeurbanne, Jean Bouise a fait sa vie entre ces murs jusqu'à son décès en 1989. De fil en aiguille, les liens se consolident donc entre les hommes qui font fait le TNP d'hier et ceux qui demain répèteront sur ces planchers ripolinés. Quel sera le nom de la grande salle ? Christian Schiaretti n'a pas réussi à dire son nom, mais s'est contenté de glisser que «si ce petit théâtre s'appelle Jean Bouise, vous imaginez bien le nom de l'autre» : Roger Planchon dont l'ombre tutélaire plane au-dessus de ces chantiers et qui a imprégné durablement la vie de chacun des protagonistes de cette inauguration.


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