Trio gagnant


Musique / No Head, le premier album de Battant, est ce genre de disque paradoxal : crasseux et classieux à la fois, glauque et festif en même temps, pensé pour les clubs mais joué dans les caves ; voilà l'œuvre d'un trio ambigu et inclassable. Ils sont Anglais, mais sont signés sur le label français Kill The Dj, ils font du punk-rock, mais écoutent surtout de la techno, ils s'appellent Battant mais se contrefoutent de conquérir les charts, et leur album «Sans Tête» shoote du pied droit dans la new-wave, tout en accueillant la patte électro d'Ivan Smagghe et Tim Paris aux manettes. Sans tête mais avec du corps, le rock synthétique de Battant, à la fois groovy et glaçant, est aussi à l'image de sa pochette (photo) : impossible de dire si les trois corps qui lévitent en noir et blanc sur la cover sont en train de se pendre, ou s'ils sautent de joie. En même temps, leurs histoires de fantômes hantées par l'électro-punk primitif de Suicide, leurs synthés suintants la new-wave épileptique de Joy Division feraient plutôt pencher pour la première option. ‘Quelque Chose, Noir', comme chantait Marc Seberg à la fin des années 80 habite l'électro-garage de ce trio qui pourrait bien écraser The Kills comme un cafard. La chanteuse Chloé Raunet, avec sa voix de Siouxsie meets Patti Smith, tendue et fracturée, répond parfaitement à l'urgence teigneuse des guitares-synthés, et la bobine émaciée de Joel, à la basse et aux claviers, fait directement penser à celle de Spud dans Trainspotting. Un mélange de fun et de sordide, qu'on vous disait, c'est dire si Battant n'a pas fini de mimer le Suicide dans un flot de danse et d'héroïne(s)… Stéphanie LopezBATTANT
Au Clac'son (Oullins), vendredi 30 octobre.


<< article précédent
ÉLECTRO