Richard Hawley Truelove's Gutter Mute/Virgin


Qui a vu "La Classe Américaine", ce film culte circulant sous le manteau d'internet et constitué d'extraits de classiques de la Warner doublés de dialogues absurdes, se souvient qu'il y était question de «l'Homme le plus Classe du Monde», incarné par John Wayne. Dans notre monde réel, il est fort probable que celui-ci puisse être incarné par l'éminent Richard Hawley. Avec une régularité métronomique, l'ex-Longpigs, ancien intérimaire chez Pulp, n'en finit plus de sortir des albums solitaires à faire entrer au Panthéon mondial de la classe absolue. Une fois de plus, c'est un crooner écroulé qui frappe à la porte, flamboyant de nonchalance aristocratique et de facilité crasse, la voix caverneuse et l'humeur cryptique mais l'inspiration lumineuse. Une fois encore, et peut-être plus que d'habitude, le charme (au sens magique du terme) de Richard Hawley opère au ralenti, se déploie comme un grand rapace, s'étale (parfois jusqu'à dix minutes) comme pour tout recouvrir (immense Remorse Code). Ou recomposer un monde hors du temps, car cet homme là n'est pas du sien, en bon génie demeurant sur le bord de la route (ou trois pieds au dessus), ici inconnu. Comme dirait «l'Homme le plus Classe du Monde» en guise d'épitaphe, ou comme le chante Richard Hawley avec ses mots à lui infiniment plus distingués : «Monde de Merde». SD


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