Les soirées d'à côté

Soirées / Les boîtes de nuit vous donnent la migraine ? Helmut Fritz, David Guetta et Laurent Garnier ne vous amusent plus ? Qu'à cela ne tienne, les soirées alternatives de tudansesmonchou, Middlegender ou Barbe à pop font danser avec du bon son. Nadja Pobel


TDMC
Le nom ressemble à une marque de fil utilisé pour la couture mais ces drôles d'initiales qui signifient "tudansesmonchou" sont une invitation à la fête. Laurent Dratler, ex Dj Poulet, a monté il y a tout juste un an «cette sorte de chose créative», comme il dit, et s'est inventé un personnage, Jean Neashoo, avec trois acolytes devenus El Professor, Eustache McQueer et Sissi DeVicious. Tout n'est que jeux pour ce quatuor qui mixe environ une fois par mois dans des lieux différents de Lyon comme le ModernArtCafé ou le Café Cousu sur de faux ebook, en carton. Tout est dans l'attitude. Le vrai son provient d'un ordinateur bien réel caché sous la table de ces faux Dj's et la playlist, préalablement établie, fait résonner des morceaux des années 50 et 60, des reprises improbables de Gainsbourg et des perles kitch danoises, italienne ou espagnoles. Dans une atmosphère déjantée avec souvent un dress-code suggéré (comme des peignoirs pour la soirée «lève-toi soleil»), Laurent Dratler déconstruit le timing convenu des soirées en les faisant débuter à 22h, en créant des afters dès 23h pour que les quarantenaires puissent venir danser sans rentrer trop tard et ne pas faire veiller la nounou de leurs enfants toute la nuit. L'objectif est de s'amuser. «Le travail des Dj's classiques est assez technique, ils sont très concentrés. Nous, nous dansons avec les gens». TDMC va bientôt cesser d'organiser ses soirées mais le collectif sera l'invité d'autres fêtes et continuera à faire des happening pour faire danser dans des endroits aussi improbables qu'un marché ou une piscine. Et pour répandre un peu partout la notion de plaisir.
Prochaine soirée : «lesbien raisonnable on n'est jamais trop pédé» au café Cousu, le 19 décembreMiddlegender
En 2005, une bande d'amis gays et lesbiens constatent qu'ils ne trouvent pas leur compte dans les traditionnels lieux homos lyonnais. «La musique était trop commerciale, les clubs trop formatés», selon Jérôme, alias Dj Madame. Il voulait écouter du rock indé à une époque où cela était presque un acte de dissidence dans le milieu gay qui ne jurait alors que par l'électro. Avec l'appui de l'association parisienne Popingays, Jérôme et ses complices organisent des soirées au Bauhaus, à leur image : queer et gay friendly. Leur volonté est de casser les cloisons du communautarisme et de faire un acte politique en programmant un set éléctro. «Nous ne sommes pas dans la revendication, dit encore Jérôme, mais réunir des publics différents, créer des liens entre des minorités est aussi une forme d'engagement». Toutes les soirées se passent désormais au Sonic, une dizaine de fois par an. Elles sont ouvertes à qui veut danser ou assister à des concerts-performances. La formule est simple et efficace : live + set des Dj's fondateurs de Middlegender. Et l'électro tient même maintenant régulièrement le haut de l'affiche avec Näd Mika ou No Lra récemment.
Prochaine soirée : Lust in the dust au Sonic, le 21 novembreBarbe à pop
Pas ou peu de Dj's, vrais ou factices, dans les soirées Barbe à pop mais de la musique indie pop, parfois noise ou électro. Sébastien Escande est cet homme sans barbe mais aux cheveux bouclés qui fait des «choses gentilles pour faire sautiller les gens» comme il dit trop modestement en revendiquant ce nom «absurde, un peu surréaliste». À force de programmer ce qu'il ne trouvait pas à Lyon mais qu'il voulait entendre, il a par exemple fait venir il y a quelques jours Camera Obscura, fameux groupe de la scène indé de Glasgow, et a du refuser du public après avoir rempli Grrrd zero. Et même lorsque les groupes sont inconnus, il y a au moins cent personnes au rendez-vous. Comme pour TDMC ou Middlegender, un réseau solide se constitue via Facebook et myspace et suit Barbe à pop de concerts en expos en passant par des projections (au Comœdia ou à l'atelier des canulars). Ce sont autant de soutiens pour l'épauler dans le procès qui l'oppose à la Ville de Lyon pour 'affichage illicite' et 'pollution visuelle'. Éternel optimiste, Sébastien constate que la capitale des Gaules abrite de plus en plus de propositions alternatives et que l'on commence à être en mesure de choisir sa soirée. Et la relève est là : «des jeunes de vingt ans s'investissent à 200% à Grrrd Zero et font déjà des programmations».Prochain concert : Gangpol und mit + La Veuve Moustache + Oorutaichi à Grrrd Zero Vaise, le 6 novembre.Exposition : «300 images sauvages», affiches de concerts à la galerie All Over, jusqu'au 27 novembre.


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Benjamin de maître