Le mystère de l'ouest


Bande dessinée / Calamity Jane. Voilà un nom qui nous projette immédiatement dans l'Ouest américain avec cow-boys, bisons, diligences et autres saloons. Mais qui est-elle vraiment, cette Martha Jane Canary, alias Calamity Jane, l'un des personnages les plus mythiques de la conquête de l'ouest ? Une figure complexe que tentent de cerner le duo Blanchin / Perrissin dans un triptyque dont voici le deuxième tome, qui couvre les années 1870-1876. Après avoir traité l'enfance de Jane dans un premier volume récompensé l'année dernière à Angoulême, les deux hommes reprennent la même recette pour le passage (difficile) à l'âge adulte. On y retrouve la jeune femme flanquée d'un bébé que le grand Wild Bill Hickok (une autre icône de l'Ouest) lui a fait dans le dos. Alors que Calamity rêve de grands espaces et d'un engagement dans l'armée, elle se voit contrainte de se comporter en mère de famille modèle. Un comble pour celle qui constitue un symbole très précoce de l'émancipation féminine, s'habillant comme un cow-boy, fréquentant les saloons, jouant au poker et n'hésitant pas à jouer du colt… Grâce à une documentation rigoureuse et une très grande sensibilité, l'album oscille sans cesse entre western épique (la conquête de l'Ouest, la ruée vers l'or, le massacre des Indiens) et histoire intime (le parcours d'une jeune femme éprise de liberté confrontée à la solitude, à la pauvreté et aux préjugés de son temps). Le scénario aiguisé de Christian Perrissin et le dessin sépia, particulièrement dynamique, de Matthieu Blanchin (on pense aux photogravures de l'époque), parviennent à cerner l'identité mouvante et énigmatique de Jane, dont même les propres écrits sont douteux (les lettres à sa fille, notamment), puisque celle-ci avait la réputation d'être une affabulatrice notoire… Yann NicolMatthieu Blanchin
À la librairie Expérience, le 6 novembre.


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