L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot

De Serge Bromberg (Fr, 1h34) avec Romy Schneider, Serge Reggiani…


Film inachevé puis fantasmé par les cinéphiles, L'Enfer avait connu une adaptation remarquable signée Chabrol en 1995. Quant aux rushs de Clouzot, ils étaient gardés comme un trésor par sa veuve, et c'est la patience de Serge Bromberg (l'animateur des fameux Retour de flamme) qui l'a convaincue de céder ces bobines pour permettre la réalisation de ce documentaire. Sur l'écran, Bromberg mélange donc les images tournées par le cinéaste, les essais expérimentaux qui devaient traduire la jalousie névrotique du personnage principal (Reggiani) envers sa femme (Schneider), y ajoute un commentaire en voix-off et quelques séquences filmées aujourd'hui avec Jacques Gamblin et Bérénice Béjo. De ce micmac, c'est finalement l'odyssée du tournage qui passionne le plus : les délires mégalos de Clouzot, son aveuglement qui le conduit dans le mur, ses insomnies créatrices, le harcèlement qu'il fait subir à Reggiani, et enfin la crise cardiaque du cinéaste marquant l'arrêt définitif du film. En revanche, Bromberg n'a pas osé trier dans les images tournées, et n'hésite pas à monter toutes les prises d'une même séquence ou tous les tests effectués avec Schneider, donnant au film un caractère répétitif et parfois ennuyeux. À l'arrivée (même si cela ferait hurler Bromberg), ce documentaire donne surtout envie de revoir le film de Chabrol ou la dernière œuvre de Clouzot, La Prisonnière, fruit direct des expérimentations de L'Enfer. CC


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