Kinatay
publié dans Cinéma par Christophe Chabert le Mercredi 11 novembre 2009
De Brillante Mendoza (Philippines, 1h50) avec Coco Martin, Julio Diaz…
Décision incompréhensible du jury lors du dernier festival de Cannes : le prix de la mise en scène remis à Brillante Mendoza pour
Kinatay ! Il suffit de raconter formellement la chose pour s'en rendre compte : d'abord, on plonge dans les rues de Manille, caméra à l'épaule suivant en temps réel un couple qui se rend à la mairie pour se marier. Sur le trajet, une tentative de suicide accapare un instant la caméra de Mendoza… Jusque-là, tout va bien, même si on a déjà vu ça en mieux ailleurs. Ensuite, ça se gâte : le récit se recentre sur Peping, policier novice qui kidnappe avec ses coéquipiers une prostituée. Grand moment de solitude pour le spectateur : l'enlèvement est à son tour raconté en temps réel, dans un interminable plan séquence quasiment noir à l'intérieur d'une voiture. Après ces vingt minutes où il ne se passe absolument rien, Mendoza plonge dans le cauchemar : viol collectif, torture, meurtre et démembrement sous les yeux de Peping, hésitant à accomplir son devoir (et garder son job), ou écouter sa conscience. Le cinéaste ne se pose pas tant de questions : le point de vue est flottant, la caméra se délecte d'images atroces et la bande-son de cris insoutenables. Surtout, Mendoza balance là-dessus une musique au synthé rappelant les pires séries Z avec des gros «gzzzzzzz» à chaque mutilation. C'est cette complaisance qui fait de 'Kinatay' le rejeton monstrueux de l'auteurisme le plus vain et du bis le plus cradingue. CC