Badaboum


THÉÂTRE / Scolaire : voilà bien un mot qui pourrait résumer à lui seul la dernière création de Joël Jouanneau dévoilée cet été au festival d'Avignon. Avec ‘Sous l'œil d'Œdipe', le metteur en scène a souhaité «rentrer dans le palais interdit» en s'intéressant au destin des Labdacides, l'autre famille mythologique au côté des Atrides. Avec, pour matériaux principaux, les textes de Sophocle et Euripide. Mais Jouanneau a préféré réécrire la tragédie à sa façon, autour de la figure d'Œdipe, fils de Laïos et Jocaste. Soit un texte découpé en quatre actes, qui pourrait servir de réponse empirique à un sujet de bac sur la construction de la tragédie type. Problème : vingt-cinq siècles après la première apparition sur scène de cette lignée maudite, notre homme n'apporte rien de nouveau, bien au contraire. En souhaitant relier cette mythologie fondatrice à notre monde contemporain, il se perd en chemin dans des positions modernistes (présence sur scène de machine à écrire, lit en fer, valise…) et références ridicules (que celui qui comprend pourquoi Tirésias porte un masque africain lève le doigt). Et la direction d'acteurs (notamment ceux interprétant les enfants d'Œdipe) a de quoi laisser perplexe : on est dans une tragédie ? Chouinons un coup, crions un autre, évidemment toujours avec le visage contracté pour bien exprimer que, ce qui nous arrive, c'est vraiment pas cool. Seul plaisir dans cet océan de désolation : Jacques Bonnafé (il interprète Œdipe) qui, décidément, est un acteur hors pair. Aurélien MartinezSOUS L'ŒIL D'ŒDIPE
Au théâtre de la Croix-Rousse jusqu'au 29 novembre.


<< article précédent
Wallace