Tireurs d'élite


Pop / S'appeler Revolver, voilà une décision culottée. Non pas parce qu'en France on aime moins les armes qu'au pays de la NRA, mais parce que dès qu'il s'agit de musique, ce nom évoque immédiatement un célèbre album des Beatles. Et pas le plus mauvais avec ça, peut-être même le meilleur. Trois petits gars de Paris, sortis de nulle part, et qui se prennent pour les Beatles, on nous l'a sans doute déjà faite et ça n'a jamais pris. Eux en plus en rajoutent une couche en évoquant le compositeur Purcell dans le titre de l'album. Visiblement ces gars-là cherchent à se faire étriller. Il y a pourtant de fortes chances qu'ils n'y parviennent jamais. Car au démarrage du disque, la promesse est tenue avec une grande assurance. Les trois membres du groupe, anciens membres de la maîtrise de Notre-Dame, en font preuve d'une sacrée de maîtrise. De même que d'un sens pop comme on n'en voit pas tous les jours à l'intérieur de nos frontières. Surtout, ils ont un talent assez épatant : celui d'être à la fois d'un grand classicisme et d'une grande modernité. De la pop de chambre en quelque sorte, de la pop anglaise venue tout droit de 66, mais 1666, de la pop à perruques qui n'a rien à voir avec Elton John. Mais là où les trois Revolver sont des magiciens, c'est dans leur approche des morceaux, composés comme de modestes bulles pop qui se révèlent pourtant à l'écoute d'une incroyable ambition (un point sur lequel ils se rapprochent sans doute des Beatles). Contrairement à beaucoup d'autres jeunes groupes, et contrairement à ce que leur nom voudrait évoquer, les membres de Revolver ont été des musiciens avant de vouloir en être. Et c'est un régal à entendre. SDRevolver
Au Kao, jeudi 19 novembre.


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