Vincere

De Marco Bellocchio (Italie, 1h58) avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi…


Impressionnant, Vincerecherche, à l'image de son titre, à atteindre les hauteurs triomphales du cinéma d'auteur. Son ambition est de raconter l'ascension puis la chute de Mussolini à travers les yeux de sa première femme, Ida Dalser, que le duce fit interner parce qu'elle se refusait à vivre cette liaison dans l'ombre du pouvoir. La première partie, la meilleure, répercute l'esprit de conquête du leader dans une forme qui emprunte à l'opéra mais aussi au futurisme : les gros titres des articles de Mussolini s'inscrivent en surimpression sur l'écran, la musique inonde la bande-son, et la passion fougueuse des deux amants se traduit par quelques séquences puissantes, dont celle où ils s'isolent d'une manifestation pour faire l'amour. La suite repose beaucoup sur l'interprétation hallucinée de Mezzogiorno, vivant l'obstination d'un personnage que toutes les cellules ne peuvent contenir. Mussolini, au fait de sa gloire politique, devient alors dans le film une pure image publique, celles des actualités et des représentations iconiques. Bellocchio le fait toutefois reparaître au dernier tiers à travers son fils caché, joué par le même acteur. Celui-ci se lance dans une imitation grotesque de son père… À moins que le grotesque ne soit dans le modèle ? La scène est stupéfiante, et elle justifie les quelques passages à vide qui l'ont précédée. Elle en dit long sur ce qu'a pu être le fascisme : un théâtre morbide où la folie était partout, sur scène comme dans les coulisses. CC


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Le Vilain