Samson & Delilah

De Warwick Thornton (Australie, 1h41) avec Rowan McNamara, Marissa Gibson…


Avec Samson & Delilah, l'Australien Warwick Thornton fait le pari du sensitif et du contemplatif : les dialogues sont réduits à peau de chagrin, la tension se concentrant sur les corps des deux gamins aborigènes, vivant reclus avec leur communauté dans le désert australien sur fond de défonce et de misère. Les premières séquences sont ainsi éloquentes sur la sensation de répétitivité prégnante dans ce village isolé (la même scène de réveil en boucle) ; d'où l'envie des deux protagonistes de fuir vers l'eldorado urbain. Un ailleurs violent pour deux ados non préparés aux violences du monde. Caméra d'or au dernier festival de Cannes, ce film fascinant parvient à dépasser l'hermétisme du propos (le contemplatif, c'est sympa, mais bon…) grâce un véritable travail de mise en scène – pourtant tout en retenue. Thornton, qui présente là son premier long-métrage, évite alors la simple carte postale pour Occidentaux en mal de folklore : les décors naturels, splendides, sont filmés avec une élégante sobriété (notre homme a commencé sa carrière comme chef opérateur) et l'interprétation des deux jeunes, acteurs non professionnels, sonne juste, dévoilant tout le respect du réalisateur aborigène pour les siens. Au final, on a affaire à un film sincère et touchant, qui fut un énorme succès en Australie à sa sortie. Il parait d'ailleurs que Baz Luhrmann est fan ! Aurélien Martinez


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