Müller sous acides


Théâtre / Drôle d'objet théâtral que propose Simon Delétang, le nouveau co-directeur du Théâtre les Ateliers, jusqu'au 4 décembre. En bon fan, le metteur en scène se livre à une déclaration d'amour à Heiner Müller, figure emblématique et anti-conformiste du théâtre allemand, décédé en 1995. Il ne choisit pas de monter l'une de ses pièces dans son intégralité, mais de lui rendre hommage en réunissant différents matériaux : interviews à la presse (un art dans lequel Müller était passé maître), conversations, moments d'intimité, extraits de pièces… Et c'est là que le bât du fan blesse ; Simon Delétang veut en dire et en montrer beaucoup, multipliant les décors, les genres, les musiques, les images, les références et les plaisanteries. Au risque de noyer son discours sous une montagne d'effets et de laisser le spectateur un peu lessivé après plus de deux heures de spectacle mené avec une énergie folle (surtout si le spectateur ne maîtrise pas la langue allemande). Et c'est vraiment dommage, car, comme à son habitude, Delétang fait le choix d'un théâtre bordélique et joyeux, intelligent et sans prétention mais qui aurait mérité, pour le coup, un peu plus de simplicité. Dorotée Aznar


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