Walden : diaries, notes and sketches

Jonas Mekas Re-voir / Malavida


«C’était encore l’hiver sur New York, mais le vent annonçait le printemps». Ainsi commence Walden, l’extraordinaire journal filmé entre 1965 et 1968 par Jonas Mekas, réuni ici dans une édition de référence en deux DVD et un livre extrêmement complet. Seul avec sa Bolex 16 mm, Mekas enregistre le passage des saisons, couche sur pellicule des repas, des mariages («Je fais des films de famille donc je suis», dit-il), des impressions de voyage (magnifique séquence sur la baie de Cassis) et se promène au milieu du New York underground. Défilent devant sa caméra Andy Warhol, Stan Brakhage, le Velvet Underground, Allen Ginsberg, Carl Theodor Dreyer… Mais il n’y a aucune vénération dans le regard de Mekas ; au contraire, il filme ses figures majeures de l’art au XXe siècle avec une étonnante familiarité, les fondant dans un montage tout en accélérations et suspensions, où les visages et les paysages sont sur un pied d’égalité. Walden est l’œuvre d’un peintre d’avant-garde qui pense que seule la présence au monde peut servir de commentaire sur les transformations d’une époque. Durant ces 195 minutes, il y a donc des manifestations politiques et une femme inconnue seule au bord d’un lac, des ouvriers noirs au travail et une petite fille qui grandit au fil des bobines… Walden, ou l’élan vital cinématographique. CC


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