À la russe


Opéra / Moscou, quartier des cerises. Un conte avec ses rêveries, ses utopies, ses poudres de perlimpinpin, ses joies et ses peines. Tout cela dans une Union Soviétique d'après guerre qui rêve de reconstruction, d'avenir radieux, de confort et surtout de bonheur de masse. Avec Moscou, quartier des cerises, on fait connaissance avec un Chostakovitch déroutant : un compositeur à l'humour acerbe, un homme qui témoigne d'une tendresse toute particulière pour le genre humain. Entre valses désuètes et drôles, polkas endiablées, chants soviétiques caricaturaux, il nous plonge dans un univers extravagant, mais pas si étranger. Un système s'effondre, des personnes se cherchent, rêvent, se perdent et ne pourront finalement aller au bout de leurs envies. Chostakovitch compose une musique étonnante et captivante, faussement légère, totalement enivrante et hypnotique. Dans cette production, il existe une petite fantaisie qui consiste à chanter en russe et à dire les dialogues en français avec un accent russe, ce qui doit être particulièrement savoureux et plein de souvenirs pour Macha Makeïeff, qui met en scène ce Moscou en construction. C'est aussi une vraie réjouissance d'entendre des chanteurs solistes russes. La langue est magnifique, l'ensemble est très homogène et chacun semble techniquement bien armé pour ce genre d'œuvre : voix rondes et légères à la fois, jeu étonnant de diversité. Le travail du chef Kirill Karabits et le travail de mise en scène sont de bout en bout en totale osmose. C'est jubilatoire dans la fosse, c'est grinçant et à mourir de rire sur le plateau. Pascale ClavelMoscou, quartier des cerises
À l'Opéra de Lyon jusqu'au 31 décembre.


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