Danse et cirque jusqu'au tournis

La Maison de la danse fêtera en juin ses trente ans. Tout un symbole pour une ville qui, chaque année maintenant, déborde de propositions chorégraphiques (et circassiennes) en tous genres... Jean-Emmanuel Denave


L'année chorégraphique 2010 commence fortissimo dès janvier ! Denis Plassard a la bonne idée de recréer sa pièce de 1998 inspirée du "Terrier" de Kafka (du 11 au 22 janvier au Théâtre Le Point du Jour). La taupe de l'écrivain tchèque est ici remplacée par un couple vivant dans un bunker pour se protéger, en toute paranoïa, du monde extérieur... Blanca Li s'empare, elle, du «Jardin des délices» de Jérôme Bosch (le 15 janvier au Toboggan) dans une création mêlant danse et vidéo, affres de l'enfer et plaisirs du paradis. Elle pourrait y croiser Emio Greco qui joue à Lyon (à la Maison de la danse les 20 et 21 janvier) le second volet de son adaptation de l'œuvre de Dante : après "Hell", le chorégraphe entame un solo parmi les limbes du Purgatoire en compagnie de trente musiciens interprétant "La Passion selon Saint-Matthieu" de Bach... Enfin, point d'orgue, du mois : la compagnie Sankai Juku revient à Lyon pour la recréation de l'un des «tubes» de la danse butô, «Kinkan Shonen» (à la Maison de la danse du 27 janvier au 3 février). Soit une sorte de cérémonial d'une stupéfiante beauté plastique, avec des mouvements d'une incroyable lenteur (un des signes distinctifs du butô, né au Japon sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale), pour sept interprètes entièrement «peints» en blanc.Frénésie, sérénité, burlesque...
On reste un peu au Japon avec une thématique manga explorée, d'une part, par la metteuse en scène érotomane Karelle Prugnaud et, d'autre part et surtout, par le chorégraphe américain déglingué et halluciné Jeremy Wade (du 5 au 10 février aux Subsistances). Sa création promet en gestes singuliers issus aussi bien de la folie humaine que des boîtes de nuit, et en expérimentations musicales électroniques... Beaucoup plus calme et théâtrale, mais tout aussi musicale, Maguy Marin reprend "Turba", sa magnifique adaptation de l'œuvre de Lucrèce (au Toboggan les 2 et 3 février). Une succession d'images superbes enveloppées de chants ou de bribes de Lucrèce lues dans plusieurs langues. Au Toboggan toujours (les 9 et 10 février), on retrouvera avec bonheur la chorégraphe italienne Caterina Sagna qui avec P.O.M.P.E.I. poursuit son travail entre théâtre absurde et gestuelle burlesque. Dans une veine proche, les circassiens Zimmermann & De Perrot présentent sur un plateau pentu une pièce pour six danseurs et acrobates et un Dj (à la Maison de la danse du 24 au 28 mars). Les deux artistes suisses sont aujourd'hui passés maîtres en transposition de l'enfer de la vie quotidienne dans un univers tout à la fois poétique, kafkaïen, virtuose et drôle. Il y aura aussi beaucoup de cirque (dont l'impressionnante contorsionniste Angela Laurier) lors du 3e Week-End Ca Tchatche aux Subsistances (du 25 au 28 mars). Les Subsistances qui, avec le Ballet de l'Opéra de Lyon, nous feront découvrir trois jeunes chorégraphes anglo-saxons à travers trois créations inédites et prometteuses («Next wave» du 8 au 12 juin).


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