Le (Mas)sacre du Printemps

Musique / Faisant fi de la crise et de la fin du monde, le printemps musical lyonnais s'avère prometteur en diable. À l'affiche, quelques tueries indies et même un Massacre programmé. Miam. Stéphane Duchêne


Les crises ont ceci de bon qu'elles permettent de se recentrer sur le «Do It Yourself», à l'image de l'indie-rock, ce rock de derrière les fagots pour puristes invétérés. Et en matière d'indie rock, 2010 à Lyon sera généreux. Pensez, le 20 avril, au CCO : le Prince des Ténèbres en personne. Non, on ne parle pas de Metallica (le 23 mai à la Halle Tony Garnier), mais du Brian Jonestown Massacre (au CCO, le 20 avril), le groupe aux zéro concessions, mené par un Anton Newcombe dont l'unique quête est de faire en sorte que «la musique reste diabolique», pour un résultat oscillant quelque part entre génie démoniaque et suicide collectif à coups de bourre-pif. Plus modeste mais tout aussi culte, Laetitia Sadier de Stereolab, le 12 mars, chez ce dénicheur de grands anciens qu'est le Sonic. Et puisque c'est bientôt le printemps, cette programmation 2010 promet surtout quelques belles découvertes indies et apparentées. Ainsi de The Big Pink, dès le 22 janvier au Marché Gare, l'une des belles sensations de l'année avec le poupon chantant auvergnat Zak Laughed (le 6 février à l'Épicerie Moderne) et Noah (rien à voir avec Yannick) & the Whale (le 26 mars, Épicerie également). Mention également à Clues, dépendance commune d'Arcade Fire et du label Constellation (Épicerie Moderne le 24 février), ou aux filles étranges que sont Florence & The Machine et Cœur de Pirate (respectivement les 11 et 25 mars au Transbo). La Merde des Autres
Toutes ces «nouvelles» têtes s'accompagneront de valeurs sûres déjà passées par ici mais toujours bien plaisantes à revoir tels Coming Soon (5 février, Clacson), Air (13 juin au Transbo), mais aussi, les 4 février et 31 mars à l'Épicerie Moderne, The Heavy et les barrées Chicks on Speed. Barrés également, et surtout interdits aux moins de 18 ans, les Nashville Pussy (27 février au Kao) et Tokyo Sex Destruction (15 février, Clacson). À ne pas confondre avec un groupe allemand interdit, lui, aux plus de 18 ans, dont le nom comprend également Tokio et qu'on verra également dans les parages. Car bien entendu, crise ou pas, on bourrera la Halle Tony Garnier pour les grosses pointures comme le juvénile Mika (24 avril) ou les morts-vivants Cranberries (21 mars). On espère autant d'attention pour le vénérable Ahmad Jamal jazzant au Théâtre de Vénissieux le 29 avril ou pour le diptyque Motown, Four Tops et Temptations, soul de bonheur à la Salle 3000 le 30 mars. Enfin, côté Français, on fera court avec un best-of en forme de grand écart par deux grands bonhommes parfois agaçants, souvent indispensables : Benjamin Biolay (26 mars, Transbo) et son album monstre, "La Superbe", et Didier Super (22 avril, CCO) auteur de "La Merde des Autres", un album de reprises d'une humeur massacrante. Car après Copenhague, c'est décidé : ce printemps, le massacre, on danse dessus.


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