Notes autour de Gainsbourg


Musique / En parallèle à la sortie du film, la bande originale paraît avec deux éditions, une simple et une double, la seconde reprenant peu ou prou la totalité des musiques utilisées (parfois subtilement) par Sfar. Plutôt que d'utiliser les enregistrements de Gainsbourg, le cinéaste a décidé, selon ses propres mots, de faire un «spectacle vivant» où les chansons sont interprétées par les acteurs eux-mêmes, souvent accompagnés à l'écran par des musiciens d'aujourd'hui (notamment dans le "Nazi" rock où Éric Elmosnino chante avec les membres de Dyonisos). Sfar ayant prouvé dans ses carnets qu'il avait quelques amis dans le milieu, il n'est pas étonnant de les retrouver à l'écran : Katerine joue ainsi Boris Vian dans une scène assez hilarante, jusqu'à un medley signifiant où Vian chante "Je bois" pendant que Gainsbourg interprète "Intoxicated man". Le procédé ne va pas sans fausses notes : si Yolande Moreau en Fréhel s'amuse beaucoup à donner sa version de "La Coco", Sara Forestier démontre son peu de talent de chanteuse en France Gall éructant "Baby Pop". Rayon contributions discrètes, l'oreille aura bien du mal à reconnaître à l'écran le swing d'Albin de la Simone relisant au piano "Taxi 69", où Emily Loizeau prêtant sa voix à "Qui est in, qui est out". Plus gonflé encore, les mains de Gonzalez se promènent sur les touches de son piano à la recherche de "Je t'aime moi non plus", étonnante tentative de capter l'inspiration du compositeur Gainsbourg. Enfin, clou du spectacle, c'est bien Joann Sfar lui-même qui se grime et empoigne la guitare pour jouer Brassens, le temps d'un "J'ai rendez-vous avec vous" qui prouve que les leçons prises dans la douleur par le dessinateur (et qu'on peut suivre au fil de ses "Carnets autobiographiques") n'ont pas été vaines ! CCb>BO «Gainsbourg (vie héroïque)» (Polydor / Universal)


<< article précédent
«Une détestation de soi existentielle»