Jackpot pour le CHRD

Créé en 1992, le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation a reçu mi-décembre son millionième visiteur. Installé dans les anciens locaux de la Gestapo, contribuant grandement au devoir de mémoire, l'établissement envisage désormais de nouvelles perspectives. Valentin Noël


La seconde Guerre mondiale a laissé des traces qu'on ne doit pas effacer. À Lyon, un groupe d'anciens résistants et déportés prend l'initiative de créer, en 1965, un premier musée sur la résistance et la déportation établi dans le bâtiment de l'ancienne école du service de santé militaire. En 1985, ses fondateurs décident de placer la gestion de cet établissement entre les mains d'une instance publique. Le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) voit le jour, le 15 octobre 1992, à l'endroit même où Klaus Barbie, condamné quelques années plus tôt, procédait à des interrogatoires sanglants. Il est inauguré en présence du prix Nobel de la paix Elie Wiesel, déporté à Auschwitz et à Buchenwald. L'élaboration d'un tel projet ne pouvait pas se faire sans les «fondateurs», derniers témoins des horreurs passées. Ainsi participent-ils activement à la vie du musée en partageant avec les visiteurs de précieux souvenirs. Le CHRD laisse également une «large place aux valeurs de la résistance» avec l'organisation de séminaires, rencontres ou expositions portant sur les droits de l'homme, les individus qui les défendent et qui les ont défendus. Le CHRD, «lieu d'appropriation de connaissances et de réflexions», connaît depuis sa création un franc succès. En effet, la fréquentation a été évaluée, par l'administration du centre, à environ 60 000 visiteurs chaque année, dont 50% de scolaires. Ainsi, en décembre, le nombre symbolique d'un million de visiteurs a été atteint.L'avenir du passé
Selon Isabelle Doré-Rivé, directrice du CHRD, «la fidélité à sa vocation fondamentale et son dynamisme» sont à l'origine de la réussite de l'établissement. Mais les disparitions d'acteurs et témoins de l'Histoire à l'origine même du projet confrontent les responsables à de nouvelles problématiques. Ils doivent trouver «le moyen d'évoquer les réalités et les enjeux de la guerre auprès d'un public qui n'a plus de lien familiaux avec la période concernée». Le musée va donc procéder à un aménagement de l'exposition permanente, à partir du lendemain des journées du patrimoine de 2011 et jusqu'au 15 octobre 2012. La plus grande difficulté consistera à renouveler et mettre en place des moyens d'exposition adaptés au public, sans dénaturer l'esprit des «fondateurs», l'esprit du CHRD.


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