"L'opéra de Puccini le plus énergique"

Entretien / La tension monte sur le plateau, la ferveur grandit dans la fosse et, pendant ce temps, le chef d'orchestre Kazushi Ono reste imperturbablement zen. Rencontre.


Petit Bulletin : Au fil des répétitions, comment réussissez-vous à fédérer l'ensemble des artistes afin que la Première soit conforme à vos attentes ?
Kazushi Ono : Je parle beaucoup de la pièce, du compositeur, de l'intrigue, de l'esprit de l'œuvre avec les chœurs, les solistes et l'ensemble de l'orchestre. Au début, personne ne sait ce que va être la construction intégrale de l'œuvre. Seul le chef d'orchestre peut imaginer et expliquer ce que Puccini a souhaité. Seul le chef peut transporter l'idée originelle de Puccini en le réinterprétant. Pendant les phases de répétitions, je suis rarement content mais là, pour "Manon Lescaut", j'ai beaucoup d'espoir parce que le casting est formidable, l'orchestre et le chœur se préparent très bien. Pour quelles raisons avez-vous choisi de faire entendre "Manon" au public lyonnais ?
Lorsque je suis arrivé à l'opéra de Lyon la saison dernière, j'ai regardé le programme et j'ai vu que "Manon Lescaut" n'avait pas été joué depuis fort longtemps. Cet opéra est la source originelle de l'œuvre de Puccini. On peut voir dans cet opéra beaucoup d'éléments de "La Bohème", de "Tosca", des opéras qui viennent par la suite. "Manon" est l'opéra de Puccini le plus énergique, c'est une composition de jeunesse. Vous donnez l'impression d'avoir un lien très fort avec Puccini…
J'adore Puccini, depuis toujours. Il représente ma rencontre avec l'opéra. Bien sûr, il compose une musique romantique mélancolique, mais à la fin on trouve toute la vitalité de l'être humain. Dans "Manon Lescaut", on commence l'œuvre avec la fraîcheur musicale, c'est d'ailleurs en La Majeur, tonalité qui montre la vitalité, la jeunesse, l'amour… à la fin, la musique finit en fa mineur, la tonalité relative de La Majeur, son négatif en quelque sorte. Puccini a voulu montrer que l'amour devient la mort, que l'amour se dirige toujours vers la plus grande catastrophe.


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