L'enfance de l'art

Galeries / Du sud de la Presqu'île aux pentes de la Croix-Rousse, voici un petit parcours dans les galeries et centres d'art pour les petits et les plus grands... Jean-Emmanuel Denave


Né à Mexico en 1959, Miguel Chevalier est l'un des pionniers de l'art numérique. On peut voir à la galerie Verney-Carron (jusqu'au 2 mars) ses œuvres luminescentes représentant fleurs et figures géométriques, mais aussi et surtout une œuvre intitulée «Pixels liquides» en hommage au dripping de Jackson Pollock. En passant devant une «toile» composée de 60 000 leds, les enfants peuvent y dessiner des traînées de couleurs, différentes en fonction de leurs mouvements... Aux Échanges Culturels Bullukian (jusqu'au 20 mars), la jeune Astrid Méry-Sinivassin utilise des techniques beaucoup plus «archaïques» (l'eau forte et la couture) pour créer son univers peuplé d'animaux et d'être hybrides, fortement influencé par les contes de fée, les comptines, la littérature... On y entre en découvrant les clefs (en tissu) de Barbe Bleue avant de voir une très étonnante série de portraits d'animaux aux corps et aux vêtements humains ! Plus loin, chiens de chasse et méduses (réalisées à partir de mouchoirs) flottent dans les airs. Une pièce montée composée de lapins en tissus (en hommage à un récit de Dickens) voisine avec un trophée de «Taureau blanc» (tiré d'un conte de Voltaire), et le tout se termine assez joyeusement avec un ensemble intitulé «Chantons sous la pluie», composé de trois parapluies aux oreilles de chats...Gribouiller, tacher, fabriquer des boules...
Ne dites pas à un enfant qu'il ne faut pas faire de gribouillis ou de ratures, ce serait empêcher un bel avenir artistique... À 40 ans, Stéphane Guénier (à la Galerie Henri Chartier jusqu'au 27 février) utilise toujours ces «techniques» et signe des œuvres sur toile ou sur papier absolument superbes ! La main dessine ou peint en tous sens, colle et découpe dans le papier, tache et bave, biffe des lettres, griffonne des signes... Entre Cy Twombly, Joan Mitchell et (parfois) Francis Bacon, l'artiste donnera confiance aux plus jeunes et bien du fil à retordre aux adultes pour leur expliquer ses œuvres fulgurantes et libres... Rappelons aussi que la Bibliothèque de la Part-Dieu expose jusqu'au 30 avril des estampes de Brauner, Picasso, Matisse et Miro, qui eux-aussi n'avaient pas oublié leur âme d'enfant... Au Bleu du ciel (jusqu'au 5 mars), on ne trouvera exceptionnellement pas de photographies mais les films expérimentaux de Georges Rey, réalisés entre 1969 et 1983. Des films ultra dépouillés, muets et centrés sur des mouvements infimes : celui d'une vache qui rumine, de volutes de fumée qui s'enroulent dans les airs, de deux canards sur l'eau ou de quelques fleurs entamant une sorte de chorégraphie. Toujours rue Burdeau, à la galerie José Martinez, l'indémodable Jean-Luc Parant présente ses accumulations de boules en résine de toutes dimensions, ses dessins d'yeux joyeux et ludiques exécutant des numéros de cirque, des bas-reliefs d'animaux ressemblant aux peintures des grottes pariétales. Une ode à la matière, aux formes naïves, aux archaïsmes, à la poésie des mots et des choses entremêlés.


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Dompteur d’orchestre