Moscow vite !


Musique / Ils auraient pu s'appeler «Jimi Hendrix mon amour» ou «Hair Guitar». Ils ont choisi le nom de Radio Moscow, référence à la voix de la propagande soviétique à l'étranger. Eux donneraient davantage dans la propagande chargée de convertir les masses au solo de guitare pète-phalange comme élément libérateur des esprits aliénés. Dans les deux cas, il est sans doute un peu question de la nostalgie d'une époque où l'on s'abrutissait de rock, épris d'une liberté se mesurant à la longueur des poils et des riffs de guitare, tandis que de l'autre côté du Mur (et pas que du son), on s'abrutissait d'espoir et de travail. Pour Radio Moscow, mieux vaut le bon vieux rock, mec. C'est ainsi que le groupe voit le jour à Story City, Iowa, pas même quatre mille âmes qui vivent, mais des fantômes à guitare aux coins de la tête enchevelue de Parker Griggs. Maître d'armes et d'œuvre de la formation, Griggs, 21 ans, est considéré comme le «meilleur guitariste du moment». Certes, dirons les esthètes, la technique ne fait pas tout et le talent, c'est pas fait pour les caniches. Mais il faut bien reconnaître que ce Parker là a le blues dans le sang et que ce sang irrigue jusqu'à l'extrémité de ses doigts, en une pulsation insensée, une sève psychédélique et fiévreuse. Tandis que sa génération s'échine à reproduire tant bien que mal sur une console de jeu les mélodies simplifiées de ses idoles avec une guitare en plastique, Parker Griggs guitar heroe, puriste d'un autre temps, joue juste de la vraie guitare et compose de la vraie musique. Cette musique fait fondre le plastique, les neurones et la propagande soviétique comme Hendrix faisait fondre le Star-Spangled Banner. Et c'est cool, mec. Stéphane DuchêneRadio Moscow + The Negative Jerks
Au Ninkasi Kafé, vendredi 26 février.


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JOAN BAEZ