Attention à la chute

La Biennale Musiques en scène va s'ouvrir. Cette cinquième édition attendue avec gourmandise et curiosité dévoile ce que la création contemporaine a de meilleur : une exigence artistique rigoureuse doublée d'une recherche musicale des plus osées. Pascale Clavel


La dernière édition de Musiques en scène faisait la part belle aux œuvres du chef d'orchestre et compositeur hongrois Peter Eötvös. Pour ce cru 2010, c'est le travail de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho qui est mis à l'honneur. James Giroudon, directeur artistique pertinent, a voulu mettre en avant une compositrice inclassable dont l'univers musical fait grand-place aux couleurs, aux timbres, aux liens subtils entre informatique et sons réels. Il a fallu choisir une vingtaine d'œuvres à travers un catalogue qui rassemble plus de 150 titres. James Giroudon et Kaija Saariaho ont essayé de trouver un équilibre et les bons rapports pour que chaque œuvre soit proposée dans un lieu approprié. Les pièces choisies montrent le parcours de création de Kaija Saariaho. Deux d'entre elles seront comme deux points d'orgue : son nouvel opéra "Émilie" sur un livret d'Amin Maalouf donné en création mondiale à l'opéra ainsi que son concerto pour violoncelle et orchestre Notes on light donné à l'auditorium avec la soliste Anne Gastinel. Don't mind the gap
«La création contemporaine n'est pas mono teinte, elle va dans des directions très variées», explique James Giroudon. Pour cette édition de Musiques en scène placée sous le thème de la chute, la musique tisse ainsi un lien étroit et constant avec l'image. Ce procédé n'est certes pas nouveau mais, avec Pierre Jodlowski, cela devient "Le Royaume d'en bas", une création qui nous conduit très bas de manière symbolique et qui pose une question existentielle : «que faisons-nous de la connaissance ?». Des répétitions publiques aux drôles de concerts sous casques, de la symphonie diagonale aux vidéos conférences, la création s'active à montrer qu'elle se dépasse et qu'elle nous bouscule et va à l'encontre de cette image monolithique que la musique contemporaine peut véhiculer. Du travail expérimental de certains aux univers poétiques des autres, c'est une photographie multicolore de la bonne santé de la création qui surgit. James Giroudon a su convaincre et les lieux se sont ouverts, il y en aura pour tous les goûts de l'opéra au théâtre des Célestins, du Théâtre Nouvelle Génération au Théâtre National Populaire, il suffira de sa laisser surprendre. Biennale Musiques en scène
Du 1er au 21 mars.


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