Crazy heart

De Scott Cooper (ÉU, 1h51) avec Jeff Bridges, Maggie Gyllenhaal…


Bad Blake est un chanteur de country sur le retour. Alcoolique et physiquement diminué, il joue dans des rades loin de sa gloire passée. Ruminant son amertume, méprisant les gens qu'il rencontre, couchant avec la première groupie venue, il est une sorte de mauvaise conscience cynique de l'Americana, un personnage grandiose de vacherie et d'égocentrisme vaniteux. Le coup de génie de Crazy heart, c'est d'identifier le personnage autour de son acteur, Jeff Bridges qui trouve ici une parfaite synthèse entre le boxeur loser de Fat city et le roi de la glande qu'était Dude Lebowsky. Absolument génial, Bridges ne laisse pas passer ce rôle à sa démesure. Le film de Scott Cooper est vraiment formidable dans sa première heure, émouvant dans les scènes avec la journaliste (Maggie Gyllenhaal, excellente elle aussi) ou dans le beau come-back orchestré dans un élan culpabilité par le pire ennemi de Blake, un chanteur country plus jeune et commercialement plus viable que lui (incarné par une super guest-star dont on préservera l'anonymat, souhaité au générique). Ensuite, les ressorts mélodramatiques du scénario, classique histoire de rédemption, sont plus prévisibles, avec des clichés dont Crazy heart aurait pu faire l'économie. Mais il émane de ce joli film une santé contagieuse et un petit parfum années 70 tout à fait délectable.

CC


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